mercredi 26 janvier 2011

Un pays - L'Allemagne

Qui n’a jamais été repoussé par un teuton ? Son physique inintelligent confine à l’effroi, sa langue à l’horreur, ses rondeurs à l’anorexie. De plus, le teuton a longtemps opprimé : au temps des Romains, traversant le Rhin dès que la Gaule se ramollissait et chatouillant son voisin français d’une jalousie évidente avec les suites que l’on sait. Pourtant, l’Histoire de l’Allemagne est incroyablement riche et complexe. De conquêtes en expansions, d’élargissements culturels en repli sur soi, de grande diversité de peuples en pangermanisme extrême, nombreux furent les chapitres de ce qui est aujourd’hui le pays des plus grands penseurs, philosophes, politiques et la première économie européenne. Comment, me direz-vous, en est-on arrivé là ?

Illettrées, les peuplades sans doute scandinaves qui vinrent s’installer dans les actuels Pays-Bas et Allemagne du N le furent certainement, peuplant ainsi peu à peu ces plaines encore vierges de toutes violences, elles ne sont entrées en contact avec les peuples venant du S. que vers 100 av. JC. comme nous le rapportent certains écrits grecs romains. Leurs coutumes rigoureuses proches de celles des Spartes, décrites par César dans La Guerre des Gaulles, en ont fait de solides guerriers qui furent cantonnées par les légions romaines au-delà du Rhin. Leur développement se fait donc essentiellement vers l’E. et peu à peu, les tribus se sédentarisent. Régulièrement, ces tribus franchissent le Rhin et s’y font boutées et reboutées.

En 843, à la mort de Charlemagne, qui avait unifié la gaulle et l’Allemagne en fondant sa capitale à Aix-les-Bains, ses trois enfants se partagent son royaume en autant de parts. Louis le Germanique hérite de l’actuel Allemagne et prête serment en tudesque, ancêtre de l’allemand. Après un siècle d’Ottonien (descendants d’Othon Ier) qui avait succédé aux Carolingiens, c’est finalement Frédéric Ier dit Barberousse qui monte sur le trône de 1152 à 1190. N’arrivant pas à prendre le contrôle du clergé, il doit s’incliner face au pape Alexandre III. Son petit-fils reprend le flambeau pour devenir le non moins célèbre Frédéric II. Ce dernier parvient à développer l’économie allemande avec l’aide du pape. Les grands ports du N. de l’Allemagne sont crées à cette époque par la réunion de cités ecclésiastiques et d’installations marchandes, comme Brême par exemple.

La conjonction de circonstances exceptionnelles au XVème siècle fut déterminante pour le devenir de l’Allemagne. Entre la guerre de cent ans entre la France et l’Angleterre, le grand schisme d’occident et les progrès techniques, l’Allemagne a su consolider un royaume autour du Habsbourg qui allait donner toute sa puissance au Saint Empire Romain Germanique : Maximilien Ier. Grand réformateur, unificateur et fondateur de ce saint empire, il maria intelligemment ses enfants avec le sang bleu espagnol, bohémien et hongrois.  Son petit fils sera Charles Quint qui chipera la succession à notre célèbre François Ier.

Maintenant consolidé, le saint empire enfante le bâtard destructeur des nations : Martin Luther, qui en 1517, publia ses fameuses 95 thèses  qui déclenchèrent un raz de marée à travers toute l’Europe. Fragilisé et abandonnant son rêve d’être empereur et chef religieux, Charles Quint abdique en faveur de son fils et de son frère : Philippe II reçoit ‘Espagne, Ferdinand Ier, son frère, le Saint Empire. En 1555, on applique pour apaiser les tensions le « cujus regio, ejus religo » : les princes choisissent leur religion, protestante ou catholique, et leurs vassaux sont contraints de professer celle-ci. Les trois quarts de l’Allemagne deviennent ainsi protestants.

Le XVIIème siècle ne présente pas de meilleurs auspices pour Ferdinand II, petit fils du numéro 1. à peine élu en Bohême, un soulèvement protestant lui fait perdre sa couronne. Il parvient tout de même à devenir empereur du Saint Empire mais voulant rétablir le catholicisme partout, il lance la Contre-Réforme pour reprendre les royaumes qui ont choisis la voie luthérienne en composant une alliance catholique. Ainsi, princes et électeurs protestants allemands, Danemark, Suède, Bohême s’opposent aux nations catholiques. La France joue, comme souvent, un rôle ambigu, puisqu’elle est catholique mais ne souhaite pas que Ferdinand II réussisse à rétablir l’Empire de Charles Quint qui l’encerclerait. Le roi d’Espagne, également un Habsbourg cherche aussi à unifier l’ensemble de leurs royaumes sous le catholicisme. La paix est finalement signée en 1648 grâce aux victoires éclatantes de Turenne et du Grand Condé. Profitant de la faiblesse de l’empereur, l’Autriche et la Prusse font scission et déclarent leur indépendance. Le Saint Empire Romain Germanique sort donc terriblement affaibli de cette guerre, délestée de la moitié de sa population, de certaines provinces et affaiblie par la légitimation et le développement du protestantisme. De nombreux allemands se dirigèrent alors vers l’Autriche, alors plus fertile et plus riche que l’Allemagne.

Jusqu’à la révolution française, l’Allemagne se reconstruit peu à peu, participe à l’essor intellectuel avec ses poètes, Klopstock ou Goethe, et ses philosophes, Kant, Fichte et Hegel et confrères. Napoléon ébranle définitivement le Saint Empire en annexant la Rhénanie et contraignant l’empereur François II à délier de leur fidélité tous les Etats Allemands, plus de 300 avant que Napoléon ne les réduise à une centaine. Le petit caporal s’est d’ailleurs plus de ce côté du Rhin, il a annexé ensuite Hambourg, Brême, Munster, Mayence, la Westphalie et d’autre pendant le blocus continental imposé à l’Angleterre. Ceci contribue activement à créer un sentiment national chez les Allemands qui n’apprécient pas les réquisitions françaises. La défaite en Russie puis celle de Leipzig y contribuent et les allemands reprennent leurs Etats. A Vienne en 1815, la confédération germanique est créée et regroupe 39 Etats qui adoptent des constitutions plus ou moins libérales.

La fibre allemande attend encore d’être stimulée par d’autre pour se réveiller. En 48, après la révolution française et viennoise, les allemands s’insurgent et réclament un état fédéral qui soit dirigé par un empereur. Hélas, l’Autriche, dont une grande partie est germanophone, et la Prusse ambitionne de rattacher les états allemands sous leur joug respectif. L’unité allemande échoue donc devant le pouvoir de la Prusse et de l’Autriche, les deux lorgnant le teuton.

C’est alors que Guillaume, roi de Prusse, nomma premier ministre Otto Van Bismarck. Lorgnant sur des territoires danois au N., l’Autriche et la Prusse s’emparent respectivement du Holstein et du Schleswig. La Prusse envahit ensuite le Holstein pour titiller les autrichiens. Ceux-ci partent en guerre bientôt rejoints par les allemands qui se rangent à leurs côtés. Les Prusses les battent tous les deux et prennent le Holstein et les royaumes de Hanovre, Nassau et Hesse créant ainsi la Confédération de l’Allemagne du N. et entamant l’unification nationale. En 1867, cette confédération regroupait 21 états. Jouant de la bêtise de Napoléon-le-Petit, Bismarck le pousse à lui déclarer en 1870 la guerre et amenant ainsi les derniers états catholiques allemands réticents à venir compléter les rangs de la Confédération. L’Empire Allemand est proclamée le 18 Janvier 1871 dans la galerie des glaces à Versailles. Bismarck est le véritable homme d’action et tente d’unifier les habitants de l’Allemagne, dont beaucoup de Polonais, de danois et de français font désormais partie, notamment en diminuant le rôle de l’Eglise catholique. Il devra abandonner cette idée après le véritable lobby catholique qui pousse l’empereur à désapprouver la démarche. Il multiplie les développements sociaux avec la mise en place du premier système de sécurité sociale pour rallier les ouvriers à sa cause.

La couronne de Guillaume Ier échoie à Guillaume II après être passée brièvement sur la tête du prince héritier. Ce dernier force Bismarck à démissionner. Il développe le pangermanisme et tente de regrouper tous les germanophones sur le même territoire et à envahir le Togo, la Tanzanie, le Caméroun et la Namibie. Le mouvement national socialiste compte près d’un million d’adhérent en 1912, en faisant le plus grand parti européen.

Bientôt la nécessité économique de construire des voies ferrées et un réseau télégraphique complet. Une monnaie commune est créée dans tous les Etats de l’alliance allemande et les droits de douane sont supprimés dans ces mêmes pays, à l’exception des pays hanséatiques au N. qui jouissent de leur économie prospère historique. L’industrie se développe rapidement et la population triple en un siècle passant de 20 millions en 1815 à 60 au début du XXème, population majoritairement protestante du fait de la non inclusion de l’Autriche et de l’intégration de la Prusse. La première guerre mondiale obligera l’Allemagne a s’allier à l’Autriche-Hongrie et donc de se positionner contre la Triple Alliance France-Angleterre-Russie. Le traité de Versailles de 1919 ampute l’Allemagne de 13% de son territoire et de 6 millions d’habitants. Une solide rancœur est consolidée ce jour-là…


Le long processus de l’unification allemande a du composer avec la multitude de différentes tendances qui s’y étaient sédentarisées et n’a jamais réussi à pérenniser la large domination qu’elle a eu par deux fois avec Charles Quint et les Habsbourg. Aujourd’hui, fort de son unité, l’Allemagne a porté son industrie au pinacle et domine l’Europe économiquement et démographiquement.

D.A. – CC14 « L’Olympisme» - Juillet & Août 2008

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