Les Parques ont le teint plus gai que mon visage
Théophile de Viau
Les Parques ont le teint plus gai que mon visage,
Je crois que les damnés sont plus heureux que moi:
Aussi le vieux tyran qui leur donne la loi
Des peines que je sens n’a jamais eu l’usage.
Les jours les plus sereins pour moi sont plein d’orage,
Les objets les plus beaux pour moi sont plein d’effroi,
Et du plus doux accueil que me fasse le Roi
Mon esprit insensé croit souffrir un outrage.
Ton injuste mépris m’a fait cette douleur,
Depuis incessamment je rêve à mon malheur
Et rien plus que la mort ne me peut faire envie.
Voyez, si mon malheur s’obstine à me punir,
Je pense que la mort refuse de venir,
Parce qu’elle n’est point si triste que ma vie.
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