Imaginez-vous quelque part en Amérique latine, dans un pays en développement dont les dirigeants sont désespérés d’attirer des investissements étrangers vers leurs industries. Imaginez qu’un puissant industriel japonais a été invité pour son anniversaire dans la demeure du vice-président, et que la merveilleuse chanteuse d’opéra Roxanne Coss hypnotise de sa voix lyrique l’ensemble des invités réunis ce soir des quatre coins du globe. Tout tourne au drame lorsqu’une armée de guérilléros prend l’assemblée en otage afin d’enlever le chef d’Etat… qui est resté chez lui pour regarder sa telenovela favorite (série télévisée populaire en Amérique Latine).
Bel Canto est l’histoire drôle et terrifiante de ces otages et terroristes qui peu à peu se découvrent les uns les autres au fil des mois, malgré les barrières linguistiques et sociales qui les séparent. Bientôt amitiés, compassion et même histoires d’amour se créent et finissent par masquer les réalités d’une situation d’où l’on ne peut sortir indemne.
L’auteure américaine Ann Patchett a su créer des personnages complexes auxquels le lecteur s’attache facilement, dans un univers d’attente et dont la fin est inconnue. Reconnue pour la qualité de son œuvre, Ann Patchett a reçu le PEN/Faulkner Award et l’Orange Prize for Fiction en 2002. Bel Canto est également arrivé finaliste dans le cadre du National Book Critics Circle Award. Traduit dans une trentaine de langues, ce livre évoque les différences culturelles avec humour ; d’ailleurs l’ambassadeur français cuisine du coq au vin pour quarante, les japonais sont perdus car ils ont l’habitude d’être au bureau, et la diva américaine ne sait même pas coudre un bouton.
Ceux qui ne s’y connaissent pas en opéra seront ravis de découvrir cette musique enivrante au travers de Roxane Coss, au point même de la télécharger sur internet par la suite, qui sait… Quant aux langues étrangères, en lisant Bel Canto, l’on se rend compte qu’il aurait fallu continuer à apprendre l’allemand ou l’espagnol après le bac – en situation de prise d’otage, on ne sait jamais, ça pourrait toujours servir. Enfin, ce fabuleux roman nous apprend que la lutte des classes et l’inégale distribution des richesses est encore et toujours un fait d’actualité en Amérique latine, et que sous ses airs de démocraties, de nombreux états restent corrompus et dirigés à la fois par une justice et par une économie inégalitaires.
Quelques commentaires en anglais et en français :
«Une fantaisie délicieuse et très drôle qui évoque les comédies d’Ernst Lubitsch, Billy Wilder ou Almodovar. » (Nathalie Levisalles, Libération)
«Le huis clos se transformerait presque en île enchantée. L’enfer, ce n’est pas les autres, mais l’existence hypocrite du dehors. » (Sean James Rose, Lire)
« A cleverly paced, suspenseful novel told with great emotional delicacy: its author earns a powerful, unexpected ending. To be read at a single sitting. » (Erica Wagner, The Times)
A.D. – CC7 « Le Capitalisme» – Décembre 2007
Bel Canto, Ann Patchett, 2002.
Edition française : rivages poche, 2005, traduit de l’anglais par Oristelle Bonis
Edition anglaise : 4th estate, 2002
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