La politesse est définie par un code. Elle est comme un ensemble de règles acquises par l'éducation. Elle comporte une double finalité : faciliter les rapports sociaux en permettant à ceux qui en usent d'avoir des échanges respectueux et équilibrés ; faire la démonstration de son éducation et de son savoir-vivre. Au cours des siècles, certaines règles de politesse se sont figées alors que d'autres évoluaient. De tous temps, des auteurs ont formalisé et rassemblé ces règles dans des traités dits "de civilité" (autrefois) ou "de savoir-vivre" (aujourd'hui).
La politesse se traduit tous les jours par l'utilisation de certains termes comme bonjour, au revoir, s'il vous plaît, ou merci, et par des attitudes spécifiques : sourire à qui vous parle, adapter sa tenue aux circonstances…
La politesse se donne à voir par des manifestations verbales (formules consacrées) ou comportementales (gestes et attitudes). À première vue, elle peut apparaître comme une suite de prescriptions et proscriptions un peu disparates. Quelques exemples issus de différents traités :
- Dans les transports en commun, on se doit de proposer sa place assise à une personne plus âgée ;
- Lorsqu'on croise un aîné sur un trottoir étroit, on lui laisse le passage en quittant le trottoir ;
- Dans les lieux publics, notamment dans la rue, on ne crache pas ;
- Le vouvoiement marque la politesse d'un interlocuteur envers une personne inconnue ou plus âgée ;
- Les enfants ne doivent pas interrompre leurs parents lorsqu'ils parlent ;
- On ne dérange pas une personne quand elle est en communication téléphonique ;
- On doit retenir la porte à la personne qui passe juste derrière soi…
Selon Dominique Picard (professeur de psychologie sociale spécialiste de la politesse), la politesse représente en réalité un système cohérent reposant sur quelques principes fondamentaux comme le respect (de soi et des autres), l'équilibre, l'engagement, l'échange… Ces principes se retrouvent aux fondements de toutes les formes de politesse (celles des grandes cultures, comme celles des micro-cultures). C'est pourquoi cet auteur a divisé les règles de politesse en "règles de surface" (qui changent selon les époques et les cultures) et "règles profondes" qui, elles, sont universelles et intemporelles parce que nécessaires à la vie en communauté.
Tous les groupes humains développent leurs propres codes de politesse. Dans certaines micro-cultures, les variations ne portent que sur certaines règles (comme le nombre de bises que l'on doit se faire pour se saluer) ; dans d'autres, les variations sont plus importantes : la notion de « respect », par exemple, présente des variations importantes selon les milieux sociaux.
Dans les rencontres internationales à plusieurs langues, il est considéré comme poli de traduire une partie de la conversation aux participants qui ne comprennent pas la langue employée, afin de leur permettre de prendre part à la conversation. On peut parfois trouver impoli le fait de citer le nom d'une personne présente dans une langue qu'il ne comprend pas, sans lui traduire directement ce qu'on vient de dire. Un aparté trop long entre locuteurs de la même langue dans un groupe qui ne comprend pas cette langue est impoli car personne ne peut prendre part à la conversation.
Dans les rapports hommes-femmes, la galanterie se présente aussi comme une forme de politesse. Comme un ensemble de manières développées par un homme en vue de faciliter les déplacements, les mouvements ou l'habillement d'une femme. Elle consiste, par exemple, à laisser la priorité à la femme sur le seuil d'une porte, à lui céder sa place dans les transports en, commun ou à l'aider à porter ses bagages. Plus généralement, il s'agit d'être prévenant et attentionné à l'égard des femmes et de leur témoigner du respect et de la considération. Certains gestes comme le baisemain expriment aussi cette déférence de l'homme envers la femme. La galanterie peut enfin s'étendre aux dépenses de sorties mondaines où l'homme assurera les frais, quelle que soit la situation maritale ou affective du couple. La galanterie concerne parfois des agents extérieurs à la relation entre individus de sexes opposés. Par exemple, lors du service d'un repas, le serveur ou la serveuse considèrera que les hommes sont galants et accordera la priorité de son service aux femmes.
Pour l'universitaire Claude Habib, qui propose une lecture anthropologique de la galanterie, elle serait un juste milieu développé à l'origine dans la civilisation française entre les deux extrêmes que représenteraient le machisme méditerranéen, qui se caractérise par une hyper-érotisation l'espace public (la drague), et l'apparente indifférence nordique, qui se caractérise par l'absence totale d'érotisation de l'espace public et le refoulement puritain de l'érotisme dans la pornographie. Érotisme léger et diffus, la galanterie serait donc une séduction douce des hommes envers les femmes consistant à témoigner à ces dernières un respect, des attentions et des égards particuliers.
La galanterie, malgré une perte de vitesse pendant les années fastes du féminisme et du "tout paritaire", semble revenir dans les pratiques courantes de séduction.
J.S. – CC8 « La Courtoisie» – Janvier 2008
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