jeudi 27 janvier 2011

Un pays - Le Japon

Peuple aux traditions ancestrales et à l’honneur exacerbé, les Japonais fascinent. Ceux qui ne les ont pas connus par Dragon Ball ont eu un aperçu de leur culture grâce à la prolifération de sushis en milieu parisien. Le Japon a cela de fascinant qu’il a su s’isoler du reste du monde jusqu’au milieu du XIXème siècle, même aujourd’hui, il n’y a que deux millions d’étrangers sur les 127 millions d’habitants. Essayons de comprendre le parcours atypique de celle qui est aujourd’hui la seconde économie mondiale.

Il y a 13 000 ans déjà, les Japonais ont fait fondre la glace qui les reliait au continent asiatique et à la Chine et à la Corée. Ils n’ont ainsi connu développé la riziculture qu’au troisième siècle avant JC. Comme en Inde et ailleurs, le Japon fut divisé en une multitude de petits clans. A la fin du VIème siècle, l’impératrice Suiko introduit les mœurs, les techniques et les caractères chinois ainsi que le bouddhisme au Japon. Ce fut la première démonstration de l’extraordinaire capacité d’assimilation que possèdent les Japonais. Leur religion ancestrale, le shintoïsme fut même assimilé au bouddhisme pour donner une religion issue des deux : le ryobu-shinto. Ils héritèrent également de la conception impériale de l’Etat avec un fort contrôle et une lourde bureaucratie. Ce modèle ne fut mis en œuvre qu’après le coup d’état des Yamato en 645, qui prirent pour capitale Nara, puis l’actuelle Kyoto. Cette période de relative stabilité dura jusqu’en 1185. Durant ces longs siècles, la cour menait une vie de plaisir et de luxe, on assista à l’émergence de la poésie, des récits antiques et de nombreuses formes d’art. En dehors de la cour, une culture féodale se mettait en place et des nobles guerriers sortirent bientôt du lot pour déranger les princes indolents.

Yoritomo Minamoto sortit vainqueur de cette course et après avoir exterminé le clan de son dernier rival, les Taïra, il reçut le premier le titre de Shogun. L’Empereur subsistait mais n’avait aucun rôle effectif. Cette forme de gouvernement allait perdurer jusqu’en 1867. Les shoguns dirigeaient la vie du palais depuis leur capitale Kamakura et tenaient leurs vassaux (les samouraïs) en totale obéissance à travers un code d’honneur extrêmement rigoureux, le Bushido. Fort logiquement, les valeurs militaires et guerrières furent mises en avant durant cette longue période au détriment d’autres plus raffinés et moins pratiques. Ainsi, les femmes perdirent leur importance à la cour et ne l’ont jamais vraiment récupéré depuis. Le Zen fit son apparition et idéalisait l’homme stoïque et viril.

Dans ce contexte peu propice à l’épanouissement culturel et technique, quelques coups d’état bien pensés destabilisèrent l’empereur et favorisèrent l’émergence d’un nouveau type de féodal au XIVème siècle, les damyos. Ces personnes n’avaient quasiment jamais des origines nobles, bien au contraire, mais bénéficiaient du soutien du peuple rural. Dans le même temps, les shoguns se reconnurent vassaux de la dynastie chinoise des Ming et établirent de nombreux échanges commerciaux et culturels. Une classe de marchands fit rapidement son apparition et c’est à cette période que le Japon développa son activité portuaire, dont le principal était sans nul doute Nagasaki.

C’est en 1542 que François-Xavier et ses deux amis jésuites débarquèrent au Japon. Ils furent bien accueillis, particulièrement à Nagasaki, et trente ans plus tard, on dénombrait même 150 000 convertis japonais. D’autre part, le régime féodal s’était accentué et avait entraîné un morcellement extrême du territoire. Trois grands guerriers réunifièrent le Japon et c’est Tokugawa Ieyasu qui acheva celle-ci en 1600 avant de devenir shogun trois ans plus tard. Sa dynastie continuera jusqu’en 1867. La noblesse féodale fut domestiquée sévèrement après l’unification du territoire, les daimyos étaient sous une tutelle qui leur laissait très peu de liberté et l’empereur n’avait aucun contact avec l’extérieur de son palais. Le shogunat des Tokugawa isola le japon du reste du monde pendant presque trois siècles. Craignant qu’une rébellion ne puisse se développer et se fédérer grâce au christianisme, Ieyasu persécuta les Chrétiens, eux-mêmes divisés, à l’image de l’Europe, entre franciscains, dominicains et jésuites, et promulgua un arrêt d’expulsion contre tous les missionnaires en 1616. Le Japon acheva son repli sur lui-même un siècle plus tard en abandonnant la culture chinoise, jusqu’alors omniprésente, pour retrouver la religion shintoïste, le culte de l’origine divine de l’empereur et autres croyances nationales.

Bientôt, au shogunat et à ses traditions, s’opposa la restauration de l’empereur et à l’ouverture du Japon sur le reste du monde et ses nouvelles techniques. Là où les Anglais et les Hollandais échouèrent, les Américains, une fois encore, triomphèrent. Le commodore Matthew Perry (Chandler Bing dans Friends), aidé de quelques canons, obligea les Japonais à accepter l’ouverture de leurs ports aux navires étrangers. De nombreuses émeutes xénophobes eurent lieu et l’empereur voulait préserver son indépendance face aux « barbares » tandis que les fidèles aux shoguns affrontaient ouvertement les étrangers. En novembre 1867, le shogun, qui constata l’inexorable ouverture vers l’international s’inclina et la monarchie absolue fut rétablie. Il transféra sa capitale  à Edo, la capitale shogunale, qui reçut le nom de Tokyo.

Depuis, le Japon a, de manière prodigieusement rapide, assimilé les techniques nouvelles et développé son économie avec l’essor que l’on sait dans les années 80 lorsqu’ils sont devenus les spécialistes de l’informatique.


Le Japon puise donc dans ses racines ce repliement sur lui-même et ce comportement non pas xénophobe mais simplement de difficile acceptation d’étrangers, c’est sans doute la raison pour laquelle il y a toujours une si faible proportion d’étrangers sur leur territoire. Il faut également ajouter à cela le double drame de la fin de la seconde guerre mondiale qui n’a sans doute pas encouragé l’accueil chaleureux des occidentaux. Ce pays conserve donc sa culture particulièrement riche et ses traditions ancestrales, là où beaucoup d’autres ont perdu tout contact avec leurs valeurs et leurs origines…

D.A. – CC8 « La Courtoisie» – Janvier 2008

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