Le soir de Waterloo, aux Anglais qui lui demandaient de se rendre, le général Cambronne aurait réponse, selon les sources officielles : « La Garde meurt, mais ne se rend pas ! »
Ou selon d’autres sources, « Merde ! ».
Quelle est la vérité ?
La bataille est perdue le 18 juin 1815. La nouvelle atteint Paris le 21. Le 24, le Journal Général de France, publie l’écho suivant : « Le Général Cambronne a répondu ces mots : « La Garde meurt, mais ne se rend pas ! » ».
L’historien Lenôtre a pu établir que la formule n’était pas de Cambronne sur le champ de bataille mais du journaliste Rougemont, dans la salle de rédaction du Journal Général. Cambronne lui-même démentira.
Les années passent. Dans les esprits français, Waterloo devient un mythe. On en discute, on refait le match. Il est ainsi avéré qu’un jour de 1830, au Café des Variétés, un écrivaillon nommé Genty s’écrire : « Je sais le mot vrai, moi ! Il leur a dit merde ! »
Parmi les buveurs des Variétés se trouve Charles Nodier, autre écrivain, qui répète la blague à son ami Victor Hugo. Lequel, trente ans plus tard, s’en souviendra en écrivant Les Misérables : le roman comporte une fabuleuse description de Waterloo où Hugo met en scène le « Merde ! » grandiose de Cambronne.
Tout est joué : inventé par un pilier de comptoir, légitimé par la grande littérature, le mot de Cambronne devient historique, et donc réel !
H.W. – CC8 « La Courtoisie» – Janvier 2008
Source : « Culture Confiture », de Léon Mercadet
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