jeudi 27 janvier 2011

Un pays - La Suède

Quel étudiant ne s’est jamais évadé de son livre de géographie pour se projeter sur une de ces magnifiques plages suédoises avec un fond de « Money, Money, Money » d’ABBA ? Qui n’a jamais réinventé ces décors sauvages qu’offrent la Laponie comme terrain de jeux de ses premiers amours ? C’est pour ces raisons et toutes celles que vous n’osez pas confier que nous allons nous demander comment la Suède est devenue, outre la patrie des belles femmes et des Vikings, une des premières économies européennes.

Comme souvent, tout a commencé par des mouvements de tribus nomades qui se chamaillaient quelques hectares de terres fertiles lorsque la fonte des glaces le permettait. Ce n’est que très tard, au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne, en pleine suprématie romaine, que la Suède commence à prendre forme. Un agrégat de principautés gouvernées par des rois prêtres se développe et le tout était supervisé par un roi qui n’avait que peu d’autorité politique.
Ces braves gaillards, élevés au grand air glacial, nourris aux animaux, version polaire et s’organisèrent pour mettre en place les premiers échanges Erasmus. Ainsi, ils débarquaient sur tous les rivages de la Baltique et descendirent la Volga. Là où ils mettaient les pieds, de grandes fêtes étaient organisées et généralement le village finissait par être brûlé, les femmes violées et les richesses confisquées. C’était le temps des Vikings. Ils fondèrent les premières villes sur les bordures de lacs gelés, dont notamment Kiev, actuelle capitale de l’Ukraine. C’est d’ailleurs dans cette période d’intenses échanges qui s’étendit entre le IXème et le XIème siècle que le christianisme fit son apparition en Suède. Après deux siècles de prosélytisme soutenu, le pape eut enfin le bonheur de voir un roi suédois catholique en la personne d’Eric IX en 1150. Ce dernier et Birger Jarl, un siècle après lui, soumirent la Finlande et abolirent le servage. Déjà à l’époque, les Suédois avaient un avant-gardisme notable en matière de droit social.

L’économie Suédoise se développa en même temps que celle de la Ligue de la Hanse, véritable poumon économique de l’Europe. Les nombreux échanges incitèrent les États Scandinaves à se regrouper pour faire valoir une puissance équivalente et tenir tête comme il se doit. Le XIVème battait son plein et en 1319, la Suède et la Norvège s’allièrent, bientôt rejoints en 1397 par le Danemark dans ce qui prit le nom de l’Union de Kalmar, comme le poisson. La situation éclata suite au comportement antigermanique des Danois ce qui désolidarisa l’édifice de l’alliance et, dès le milieu du XVème siècle, une révolte opposa les Danois aux Suédois. En 1520, le roi du Danemark Christian II envahit Stockholm, fit exécuter en masse ses opposants et se proclama roi de Suède. L’Église, avec un grand E, dans toute sa splendeur et sa bonté, se compromit hélas dans quelques scandales avec les Danois alors au pouvoir ce qui les décrédibilisa et favorisa l’établissement de la Réforme, qui s’abattait alors à travers toute l’Europe avec fracas. En 1571 finalement, la Suède se sépara de Rome et proclama sa propre église. Elle est depuis restée luthérienne (du nom de Martin Luther, moine allemand du XVIème siècle à l’origine du protestantisme).
Les guerres de cette époque se résument presque à un duel entre les pays restés fidèles à Rome et ceux ayant adoptés la Réforme protestante. Dans ce contexte saint, Gustave-Adolphe su tirer finement son épingle de la Bible. Entre 1611 et 1623, il initia la domination totale de la mer Baltique par son peuple. Son armée se distinguait par le fait qu’elle était composée d’hommes libres puisque le droit de servage avait été aboli comme je l’ai dit plus haut. Les braves Suédois occupaient alors la Finlande, la Suède, la Norvège, le nord du Danemark et posèrent même un timide pied en Allemagne, à Brême et Wismar. Ce fut l’apogée de cette peuplade aux tresses blondes.
Le roi Jean II Casimir de Pologne, accompagné du Danemark, du Saint-Empire Germanique, de la Russie et des Provinces-Unis (actuels Pays-Bas en partie), ne l’entendait pas de cette oreille. Vous l’avez compris, le roi de Pologne joignit ses forces aux autres royaumes catholiques pour repousser les vils protestants. Ces campagnes ne s’achevèrent qu’en 1721 et remirent la Suède dans les dispositions géographiques qu’elle avait quelques siècles plus tôt.

Le tournant de l’Histoire de la Suède est alors possible. Dépités par les folies guerrières du Roi, les Suédois opèrent une réforme constitutionnelle soudaine et transfère le pouvoir au Parlement au détriment du Roi. Les mouvements internes occupent alors plus que la perte, au profit de la Russie, de la Finlande. Comme le monde entier au début du XIXème siècle, le roi de Suède avait intérêt respecter le blocus continental (suggéré par Napoléon) imposé à l’Angleterre. L’économie suédoise, largement tributaire de sa Majesté, en pâtit gravement. Son successeur en 1809, Charles XIII, n’ayant pas d’enfant eut à choisir son héritier. La domination sans partage
de l’Europe par les Français encouragea sans doute Charles à retenir un maréchal français de Pau (cf. article suivant) : Jean- Baptiste Bernadotte ! Ce ténébreux brun du Sud ouest, quelque peu filiforme, devint deux ans plus tard Charles XIV Jean et régna jusqu’en 1844 !
A partir de la moitié du XIXème, la Suède se réforma profondément à la mode industrielle et connut une forte urbanisation de sa classe jusqu’alors largement fermière. Le rêve d’indépendance sans doute et l’exemple de leur « grand frère » poussa la Norvège à faire sécession en 1905.

La Suède adopta une attitude subtile durant ce qu’on appelle communément les guerres mondiales en se déclarant neutre. Néanmoins, cette posture fut plus difficile à maintenir en 39. Elle refusa le passage des troupes alliés pour sauver la Finlande mais fut contrainte en 41 à laisser passer les trains allemands, tout en en sabordant quelques uns.

De nos jours, la Suède brille. Pays profondément socialiste, il y fait bon vivre. C’est un pays où les écarts de revenus et le taux de chômage sont très faibles. L’économie suédoise est donc beaucoup plus lisse que nombreuses de ses habitantes.
D.A. – CC9 « L’Amour» – Février 2008

Sources:
- Le Petit Mourre éd. Bordas
- Atlas Historique éd. Stock

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