Les Vlib sont en mauvais état, les zoulous de l’Arche de Zoé sont des monstres, le peuple est dupé sur son réel pouvoir d’achat ; Autant de sujets préoccupants qui n’ont pas su dérider les matins calmes de Corée. En effet, ce peuple a eu un passé si mouvementé, si profondément marqué par les tentatives de conquêtes hégémoniques de ses voisins immédiats et lointains, qu’on se demande presque comment ils sont parvenus à jouir aujourd’hui de conditions si bonnes au Sud et si mauvaises au Nord, mais surtout à avoir su préserver leur identité et obtenu leur indépendance.
Effectivement, rien ne prédisposait la Corée à une présence si marquée sur l’économie mondiale, sur le secteur de la haute technologie, de l’automobile et du football. Ce pays est en quelque sorte un appendice disgracieux sur le continent chinois. À ce titre, nombreuses furent les bousculades et légers furent les motifs nécessaires à l’envahisseur pour souffleter ce peuple dont les habitants ont un visage si rond et une bonhomie si accueillante. Nous allons voir de quelle manière la Corée a su plier comme le roseau sous l’influence de tous ses voisins sans toutefois se briser.
Le premier royaume de Corée fut fondé en 2333 avant JC !! (selon la légende). Les Chinois eurent une influence croissante au cours des siècles pour finalement envahir une première fois la Corée en 108 avant JC, sous la houlette de Wou-Ti, célèbre empereur de la dynastie des Han. Il décide alors de couper la Corée, non pas en deux, mais en quatre provinces différentes. Ayant des difficultés à maintenir leur influence, les Coréens passèrent progressivement de quatre provinces à trois royaumes : Un au nord (Kokuryo), un au sud-ouest (Paikche) et un dernier au sud-est (Silla). C’est ce dernier royaume qui eut le développement le plus favorable et prit le pas sur les autres au cours du VIIIème siècle. Durant ces siècles de saine concurrence coréo-coréenne, la culture bouddhique fut peu à peu adoptée et les invasions chinoises répétées des Tan’g frères à la fin du VII siècle notamment furent repoussées. La Corée parvint enfin à être unifiée en 918 par les Koryo, qui avaient soumis dans un premier temps le royaume de Silla.
Pourtant, les Mongols, alors très puissants, vinrent mettre un terme à cette dynamique et s’emparèrent du royaume récemment réunifié en 1231. Un jeune chef guerrier mobilisa son armée et chassa l’occupant mongol en 1364 et fonda, en 1392, la dynastie des Li, qui dura jusqu’en 1910 ! Peu à peu, le bouddhisme fut délaissé sans être persécuté, et la Corée adopta le système d’administration confucéen.
C’est alors que le cycle vraiment mouvementé de la Corée débute. Leurs bons voisins japonais jetèrent leur dévolu sur cette péninsule dès le XVIème siècle, au moment de l’unification du Japon par Hideyoshi Tokugawa (cf La Gazette sur le Japon). La Corée repousse néanmoins l’assaut nippon avant de succomber à ceux des chinois en 1637. La Corée devient alors un état vassal de l’empire chinois. Les jésuites, qui y avaient entamé leurs campagnes de prosélytisme (ainsi qu’au Japon à la même époque sous l’impulsion de notre cher Saint François-Xavier) à cette époque, envoyèrent, par le biais de chinois convertis, des missions d’évangélisation en Corée. Ces démarches eurent un certain succès et, comme au Japon, les jésuites se mirent rapidement à posséder de nombreuses richesses, données par leurs disciples les plus fervents. Les Coréens, qui souhaitaient contrôler leurs ressources naturelles, persécutèrent donc les Chrétiens à partir de 1867 et, à l’instar du Japon, décidèrent de fermer leurs frontières à tout commerce étranger.
Ce n’est qu’en 1876 que la Corée accepta de commercer avec des étrangers, et pas n’importe lesquels puisque ce sont les Japonais qui en avaient l’exclusivité. Dès lors, les Nippons encouragèrent le parti réformiste pour affirmer leur présence dans le pays tandis que la Chine, voyant d’un mauvais œil, ce lien commercial soutinrent les conservateurs. À la fin du XIXème siècle, la cristallisation des tensions sino-japonaises était à son comble et se traduisit par une guerre entre les deux belligérants. À l’issue de cette guerre, le Japon obligea la Chine à reconnaître l’indépendance de la Corée, véritable enjeu et monnaie d’échange de ces deux pays. Dès l’année suivante, la Corée, oscillant entre ses deux voisins écrasants, devint une sorte de double possession russo-japonaise. Le Japon avait trouvé un allié de taille afin de contrer l’influence grandissante des Chinois.
Les Nippons, mais un peu mauvais, s’emparèrent graduellement du pays en commençant par l’administration en 1907 puis par l’annexion pure et simple du pays aux matins calmes (traduction littérale de Chôsen, d’où provient le nom Corée) en 1910. La Corée bénéficie alors de l’incroyable rapidité avec laquelle le Japon s’est industrialisé à cette époque. Jusqu’en 1945, date du départ des Japonais, la Corée a su moderniser son économie, ses réseaux de transport et son industrie. Les Coréens furent pendant cette période écartés des postes clefs et l’oppression fut telle, qu’ils créèrent un mouvement de résistance nationale, c’est dire… Les Alliées décidèrent de l’indépendance de la Corée après la capitulation Japonaise immédiatement après les tristement célèbres, et heureusement uniques, bombardements atomiques.
Ce fut à ce moment d’indépendance, quand souffle le vent de la liberté, que la Corée fut scindée de la manière que nous lui connaissons aujourd’hui. Les russes au Nord et les américains au Sud. Les deux occupants ne parvinrent pas à se mettre d’accord sur le procédé d’unification du pays, et par conséquent, lorsqu’ils se retirèrent en 1948, deux états indépendants furent crées à partir d’un état millénaire unique. Un communiste au Nord, avec à sa tête le papa de Kim Jong-Il, l’actuel demi-dieu coréen et au Sud, la république de Corée. Dès 1950, la Corée du Nord tenta de réunifier la nation tronquée par les armes mais cela déclencha la Guerre de Corée. Cette guerre laissa les deux états en ruine et on convint de ramener les frontières là où elles étaient avant que la guerre ne débuta.
Depuis, la Corée du Nord obéit à un dictateur digne héritier du culte de la personne des plus grands régimes, qui n’hésite pas à chatouiller les Etats-Unis avec ses missiles ; au Sud, l’économie bat son plein : Samsung ou Kia sont deux des très nombreux exemples des multinationales coréennes qui pèsent dans l’économie mondiale. Le drame demeure pour les familles séparées par la ligne de démarcation depuis plus de 50 ans…
D.A. – CC10 « La Guerre» – Mars 2008
Sources:
Le Petit Mourre éd. Bordas
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