mercredi 26 janvier 2011

Sex in the Cube - Apologie du Loser

Chacun d’entre nous sait pourquoi il est bon de gagner et d’être le meilleur.
Mais savez-vous pourquoi il est bon de ne PAS l’être ?
A vos marques, prêts, partez,
Voici l’apologie du loser.

  1. Le loser n’a pas peur de perdre.
Attention : nous parlons bien ici du loser « assumé » ; celui qui est fier de ne pas être le meilleur. C’est une mise au point nécessaire par opposition au loser… « refoulé » bien sûr, qui lui, subit les événements. Le loser ne se met pas la pression. Il sait ce qu’il vaut, il connaît ses limites, ses faiblesses et il les accepte. Le loser n’a pas besoin de fausses excuses pour se justifier s’il perd. Il est même fair play, et n’hésite pas à aller féliciter le vainqueur (de bonne foi !).

  1. L’important, c’est de participer… ou pas.
Depuis notre plus tendre enfance, on nous rabâche que l’important est de participer. A d’autres ! Bien sûr, il est bon de participer. Mais surtout, il est bon de gagner ! Quels bénéfices retire-t-on d’une épreuve où l’on est bon dernier ? Qui vous félicite ? A part votre papa, votre copine et votre maman, pour qui « mon lapin, tu n’as pas besoin d’une médaille d’or pour être mon champion ! ». Vous et moi le savons fort bien, il y en a que pour les heureux médaillés (et éventuellement les quatrièmes, parce que ces temps-ci, ils ont tout de même beaucoup de mérite, n’est-ce pas ?). Je dirais même qu’on catalogue les derniers comme insignifiants ; en bref, des losers. Alors, au lieu de donner tout ce que l’on a pour ne même pas arriver à la cheville du quatrième, autant se passer de participer, apprécier le spectacle, et conserver sa dignité.

  1. Le loser sait s’arrêter.
« Winners never give up. » Si c’est une force, c’est aussi une grande faiblesse. Souvenez-vous d’American Beauty, ou encore de Little Miss Sunshine, où l’esprit de compétition et la volonté de se croire plus fort que les autres tournent au ridicule. Il y a un moment où il est nécessaire et sain d’accepter que la volonté ne suffit pas. Hormis le fait que parfois on se mesure à plus fort que soi, il faut accepter que l’on ne puisse pas tout contrôler. Je fais notamment allusion aux limites du corps ; il peut devenir dangereux, pour soi et pour les autres, de s’obstiner à travailler son corps quand il n’en peut plus. Il n’est pas aisé de reconnaître qu’il y a un moment où l’on ne peut plus rien faire, où il faut s’en remettre au destin, à dieu, au hasard, à la chance. Bref, arrêter le combat demande du courage, de la lucidité et de l’honnêteté vis-à-vis de soi-même.

  1. Le loser est au moins aussi heureux que le winner.
Moins on vise haut, plus on a de chances d’atteindre son objectif. C’est bien d’avoir de l’ambition, mais encore faut-il viser un but à sa hauteur. Combien de gens passent (perdent) leur vie entière à courir derrière un idéal qu’ils n’atteindront jamais ? Plus ils avancent, et plus ils en veulent. Le winner n’en a jamais assez. Le loser sait  ce qu’il vaut, ce qu’il lui faut, et peut choisir en connaissance de cause une vie qui lui convient et au cours de laquelle il sera heureux. Le loser ajuste sa vie à sa mesure, et forcément, à viser moins haut que d’autres, il risque moins de chuter. Il ne peut que se dépasser ! Ainsi le loser perd-il, certes, mais au final n’y gagne-t-il pas ?

  1. Loser versus winner
Le loser vit simplement. Il mange ce qu’il veut, fume et boit s’il le désire. Il n’est pas dérangé sans cesse par les médias. Sa copine est moins jalouse. Il n’est pas obligé de fréquenter pendant des heures ces soirées mondaines, où il faut parler avec des gens tous plus ennuyeux les uns que les autres en faisant semblant d’être heureux d’être là. Le loser peut passer la soirée sur son canapé devant sa télé à houspiller les winners qui jouent une fois de plus le match de leur vie.

  1. Bonus : A quoi reconnaît-on un loser assumé ?
- Le loser prend l’ascenseur (l’escalier c’est bien trop fatiguant)
- Le loser ose demander son chemin (et ne s’obstine pas à tourner pendant des heures pour s’en sortir tout seul)
- Le loser n’a pas mauvaise conscience à boire, fumer, manger, et boire, et manger, et fumer, et boire…
- Le loser achète des habits à sa taille (et pas la taille en-dessous en espérant y rentrer le mois prochain)
- Le loser ne se voile pas la face.
- Le loser est un excellent suiveur de winner.
- Le loser n’a pas peur de repousser au lendemain ce qu’il pourrait faire le jour même.
- Le loser peut passer la journée devant la télé sans problème, et même s’il fait beau.
- Le loser est souvent drôle (il a développé un esprit d’autodérision à toute épreuve)
- On recherche la compagnie du loser: il est cool.

En bref, le loser assume sa médiocrité.

Nb : de toute façon, le winner finit toujours pas perdre.

A.L. – CC14 « L’Olympisme» - Juillet & Août 2008

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