« Il est plus facile de mourir que d'aimer. C'est pourquoi je me donne le mal de vivre Mon amour... » (Louis Aragon)
Ah, l’amour ! Sentiment euphorique qui nous soulève et nous enflamme !
Nous cherchons tous à être amoureux. Certains d’entre nous avons trouvé l’amour, d’autres l’ont perdu, d’autres encore le cherchent toujours. Nous sommes sans cesse à la quête du bonheur, et le bonheur semble devoir nécessairement passer par la case ‘amour’. Mais qu’est-ce au juste, cet « amour » qui nous obsède tant ? Qu’est-ce qu’aimer ? Deux visions s’offrent à nous : l’interprétation philosophique de la chose, et, inversement, son interprétation scientifique.
- L’amour philosophique
Au cours d’un sondage[1] effectué par l’auteur en ce début d’année, voici ce que nos contemporains pensent de l’amour :
Aimer, c’est se donner entièrement à l’autre, quitte à mourir pour lui. | 4% |
Aimer, c’est ne pas pouvoir se passer de l’autre. | 14% |
Aimer, c’est partager de bons moments avec l’autre ; en somme, c’est un mélange d’amitié, d’intimité, et de sexe. | 44% |
Aimer, c’est se plaire avec l’autre car l’autre correspond à ses attentes et ses ambitions de la vie | 28% |
Aimer, c’est sortir avec quelqu’un pour plaire à ses parents | 3% |
Aimer, c’est sortir avec quelqu’un pour emmerder ses parents | 2% |
Ne se prononce pas. | 5% |
Total | 100% |
Si la majorité des sondés estiment qu’ « aimer, c’est partager de bons moments avec l’autre », seulement 4% pensent qu’être amoureux implique qu’on serait prêt à donner sa vie pour l’autre (et là encore, très peu de gens appliquent ce principe à la lettre en dehors de romans chevaleresques et de films à l’eau de rose). Il semblerait qu’aux yeux de ce sondage, nos contemporains soient modérés quant à la définition de l’amour.
Comment expliquer alors la différence entre l’amour que porte Marianne Dashwood pour John Willoughby et celui qu’elle éprouve pour le Colonel Brandon ?[2] Dans « Raisons et Sentiments » de Jane Austen, Marianne (Kate Winslet dans le film, ndlr) tombe follement amoureuse du jeune dilettante Willoughby, qui use et abuse d’elle au point de la rendre malade. Lorsqu’il l’abandonne, elle finit par voir clair et se fiance avec le Colonel Brandon, célibataire endurci au cœur d’or (mais beaucoup moins sexy que W.).
Au vu de ces fluctuations de sentiments, il faudrait peut-être catégoriser l’Amour en deux sous-parties, comme le font nos amis italiens et japonais lors de leurs déclarations:
- l’amour rationnel, sympa, pas prise de tête : en italien « ti volio bene », en d’autres termes ‘je te veux bien’ ; en japonais « daisuki » ou ‘je t’aime beaucoup’. Dans les deux cas, ce sont des phrases tempérées qui permettent d’exprimer un sentiment d’attachement.
- L’amour irrationnel, aveuglant, déchirant : en italien « ti amo » ; en japonais « aishiteru », soit ‘je t’aime’ brut, sans artifices, sans motifs implicites.
- L’amour scientifique
Au-delà de la recherche conceptuelle de l’amour et d’une rationalisation du sentiment amoureux par l’esprit, les scientifiques ont constaté que l’amour est tout simplement une réaction chimique aux phéromones d’un autre être humain, et que celle-ci peut altérer le comportement. Le site de la BBC regorge d’informations très intéressantes à ce sujet et possède pléthore de quizz divertissants pour calculer son taux d’insanité face à l’amour :
Le sentiment amoureux se décomposerait, selon des universitaires du New Jersey, en trois phases : le désir sexuel, l’attirance et enfin l’attachement.
- Désir sexuel : généré par la testostérone et l’œstrogène. Si deux personnes se croisent à leur moment optimum de sécrétion d’hormones, c’est le cocktail chimique parfait.
- Attirance : moment où sont mélangés dopamine, norépinephrine et sérotonine. Ces trois hormones sont responsables d’une altération de comportement, jugement, pensée. Elles peuvent également affecter le rythme de sommeil ou d’appétit de certains.
- Attachement : les hormones qui font que les couples s’attachent l’un à l’autre sont l’ocytocine et la vasopressine. L’ocytocine est une hormone libérée par la femme après l’orgasme – certains scientifiques pensent d’ailleurs que plus une femme a d’orgasmes, plus elle sécrète d’ocytocine et plus elle s’attache à son partenaire.
Au regard de ces deux conceptions, les athées de l’amour peuvent se limiter à son interprétation scientifique, mais l’avantage du romantique invétéré est qu’il peut toujours espérer tomber amoureux et avoir foi en son amour, tandis que l’aspect chimique tend à conférer une version un peu réductrice des sentiments qui animent tant notre âme.
A.D. – CC9 « L’Amour» – Février 2008
[1] Sondage réalisé auprès de 67 personnes âgées de 21 à 80 ans en France métropolitaine.
[2] Personnages du roman « Raison et Sentiments » de Jane Austen.
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