L’Amour, pourquoi gâcher la notion d’amour en parlant d’Argent ?
La réponse est toute simple, c’est parce que l’amour coûte.
En effet, quand vous êtes en relation, vous vous rendez compte que finalement c’est, non seulement, un investissement affectif mais aussi un investissement financier. J’aurai très envie de dire que les hommes et les femmes, malgré la nouvelle équité entre les sexes qui s’est installée dans ces dernières décennies, ne sont, à un niveau purement financier, que peu égaux.
Certaines lectrices vont trouver les commentaires qui suivent d’une honteuse goujaterie mais soit, les dés en sont jetés (Alea Jacta est !). Mesdames ou mesdemoiselles (je préfère mesdemoiselles !), vous jouissez (non, pas encore, je vais y venir, euh… enfin… y arriver. bref.) de ce qu’on appelle des privilèges, comme ceux hérités par les aristocrates de l’ancien régime. Eh oui, il se trouve que ces avantages sociaux ont été acquis au cours du temps par vos précédentes pour compenser les « misères » de votre condition. A l’époque, vous n’aviez pas le droit de travailler, de donner vos opinions, ou de vous comporter en tant que personnes douées de raison. Il est vrai que vous passiez votre temps à dépenser l’argent de vos maris et de veiller sur la nourrice qui veillait sur les enfants. Par la suite, quand vous avez acquis plus d’indépendance, vous vous êtes liguée et avez inventé le concept, voire le label de « gentleman » (équivalent du galant) pour tenir les hommes à respecter vos acquis. En effet, tout homme qui ne succombait alors pas au désir de vous flatter ou de votre besoin d’assistance injustifiée, était banni du cercle des « gentlemen ». Ainsi l’homme ingrat se retrouvait au rebut de cette société tel un lépreux. En gros, vous usiez de votre nombre pour faire pression sur le système et conserver vos acquis sociaux devenus illégitimes. Un peu comme les cheminots peuvent le faire avec la SNCF.
Il est vrai qu’un homme qui ne vous offre pas de fleurs, ne vous invite pas au cinéma, à dîner, en week-end n’est autre qu’un vaurien et un harpagon (comme picsou mais chez Molière). Combien de fois ai-je entendu de tels propos :
- « Alors tu es allé au resto avec Mauricio ? Comment c’était ? Raconte Priscilla !!
- « Eh bien, Sandra, c’était très sympa jusqu’au moment ou on a du partagé la note, j’y croyais pas.
-« Oh la, la, le mec ! C’est trop un rat ! J’espère que t’es rentrée direct chez toi !
Sachez mesdames que nous ne voyons pas d’objections à ce que vous nous invitiez au restaurant ou à recevoir de fleurs de votre pas. Nous les trouvons aussi très jolies, même si nous préférons deux places pour aller voir le match-comique PSG-Caen qui se joue au Théâtre du Parc des princes.
Et encore, je parle de ce phénomène dans le cadre d’une relation. En général ce genre d’inégalités s’arase avec le temps et un équilibre peut être atteint. Mais lorsqu’il s’agit d’obtenir des faveurs sexuelles sporadiques, c’est bien pis ! Il faut faire flamber la carte bleue. Resto, champagne, entrée en boîte de nuit, cocktails, et même le préservatif. Et attention, à ceux qui seraient réticents. Ils rentreraient chez eux, la queue entre les jambes (pardonnez l’expression). Pour toutes les femmes qui profitent des hommes et de leurs faiblesses charnelles, sachez que cela n’est autre que de la concurrence déloyale envers une profession qui existe depuis la nuit des temps.
Il est temps de remettre les pendules à l’heure et de révéler à nos amis les hommes que l’amour peut leur coûter, certes, mais qu’il nous coûte à nous aussi, nous les femmes. Non seulement d’un point de vue émotif, mais aussi pécuniairement et surtout en temps. Ne vous-êtes vous jamais demandé comment votre date (anglais pour rendez-vous galant) a fait pour être aussi sublime lorsque vous la retrouvez pour dîner ? Ses yeux pétillants, ses cheveux qui sentent la rose, sa robe qui met en avant ses formes généreuses sans en laisser trop paraître… eh bien sachez que RIEN n’est laissé au hasard. Traitez-nous de calculatrices, de manipulatrices, mais le fait est là : nous nous plions en quatre pour vous faire plaisir.
Eh oui, car si certaines d’entre nous comptent sur vous pour nous offrir un verre ou un resto – et franchement, nous ne demandons pas à aller à la Tour d’Argent, même si nous faire découvrir le McDo des Champs serait un faux pas non négligeable - c’est parce que nous nous dépensons beaucoup pour vous donner envie de nous sortir (ou de nous ramener chez vous, comme vous le voulez). En effet, regardons la journée-type de Priscilla qui se prépare pour son date (toujours un rdv galant en anglais) avec Mauricio :
10h Rdv chez l’esthéticienne pour une épilation jambes/maillot brésilien (c’est une coquine)/aisselles - €150 + capital douleur 9/10 (10 étant la mort la pire que vous puissiez imaginer)
12h Session shopping avec Sandra pour trouver LA robe qui met en avant ses seins mais qui cache ses bourrelets au niveau du ventre, ainsi que les bottes en cuir façon dominatrix - €350 + capital douleur 2/10
15h retour à la maison, déjeuner light macrobiotique façon Madonna pour ne pas être trop ballonnée ce soir, mais assez consistant néanomins pour ne pas être morte de faim et éviter d’avoir l’air d’une morfale quand le serveur apportera les cacahuètes à l’apéro - €20 + capital douleur 5/10 (les algues, c’est quand même gluant et peu goûtu)
16h30 Session ravalement de façade : masque pour le visage, épilation des sourcils et d’autres lieux où des poils insolites auraient pu se loger, blanchiment des dents, masque pour les cheveux, gommage pour tout le corps, hydratation avec crèmes différentes pour les pieds, le corps, la cellulite (si vous ne savez pas ce que c’est, TANT MIEUX), le visage, les mains, limage d’ongles de pieds et des mains, pose de vernis, séchage, coiffage de cheveux, maquillage, etc. - €100 en moyenne pour tous ces produits + capital douleur 3/10
18h Habillage et préparation psychologique pour le date : appel d’une heure passé à Cindy, la meilleure amie de Priscilla, qui habite à New York - €15 + capital douleur de 1/10
19h Les dés sont jetés, le date (rdv, donc) commence.
Je vous entends déjà rétorquer – « Priscilla peut remettre sa robe et ses bottes de dominatrix pour d’autres dates ! » - et je vous réponds que non, ça n’est pas possible, déjà que nous avons perdu notre virginité dans les bras de Pablo à l’âge de 15ans, il vous faudra bien au moins une chose de neuve ce soir ! (et toc !)
Si, après constatation de tous ces efforts de notre part, vous osez encore nous dire que nous ne sommes plus contraintes par la société moderne d’être à la hauteur pour vous et que nous profitons toujours injustement de votre générosité de façon occasionnelle (je précise d’ailleurs que certains se plaignent lorsqu’ils nous invitent, comme pour nous faire culpabiliser), alors je jette l’éponge et ne peux qu’en conclure que l’esprit masculin est trop obtus pour comprendre que les ingrats dans l’histoire, ce ne sont certainement pas les femmes, mais eux-mêmes.
A.D. & J.S. – CC7 « Le Capitalisme» – Décembre 2007
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