jeudi 27 janvier 2011

Quelques idées fausses sur le capitalisme

Le capitalisme est l’état naturel des sociétés humaines, le socialisme une perversion

FAUX. Certaines civilisations, telle celles des Incas, n’ont jamais connu la propriété privée, l’un des fondements du capitalisme. Celle-ci d’ailleurs, n’est pratiquement jamais totale, que ce soit dans l’Antiquité grecque, le système féodo-vassalique du Moyen Age ou même les sociétés modernes. Quand vous remplissez votre feuille d’impôts, vous ne faites pas que payer des services (publics) que vous n’avez pas demandés : vous aliénez sous la contrainte une partie de vos richesses pour financer un appareil d’état complexe, ainsi qu’une classe de bureaucrates. Si cela peut se justifier sur un plan théorique, en toute rigueur force est de constater que ces ponctions ne faisant pas l’objet d’un vote ou d’une négociation, tout système étatique est une kleptocratie. Poussons la logique au bout et augmentons la pression fiscale jusqu’à vous priver de l’essentiel de vos revenus : nous sommes là dans un équivalent d’un système socialiste. La différence entre un état libéral et un état socialiste est donc une question de degré, pas de nature.

Certaines entreprises, notamment les compagnies pétrolières réalisent actuellement des superprofits indécents qu’il faut taxer

FAUX. Le profit n’est rien. Ce qui compte, c’est le taux de profit, c’est-à-dire le profit rapporté au chiffre d’affaires. Imaginez que vous êtes un petit capitaliste, vendeur de préservatifs recyclés à la sauvette dans le métro par exemple. Si vous gagnez 100 € après avoir réalisé un chiffre d’affaire de 1000 €, c’est bien. Mais cela fait un taux de 10%. Gagner 5€ pour un chiffre d’affaire de 10 €, c’est beaucoup mieux ! Vous faites là un taux de marge de 50%...et c’est précisément ce que regardent les bailleurs de fonds (une banque vous soutiendra plus facilement dans le second cas que dans le premier, un investisseur serait plus prompt à acheter vos actions également. A supposer que vous cotiez votre activité en bourse, ce qui est loin d’être gagné. Les préservatifs n’ont qu’un lointain rapport avec la Bourse après tout…).

Quelle conséquence ? Eh bien, quand Total annonce 10 milliards de profits, il faut rapporter cela au chiffre d’affaires. Et là on s’aperçoit que la rentabilité est beaucoup moins intéressante, et que le taux de profit est plutôt inférieur à d’autres secteurs…il vaut parfois mieux vendre du latex que de l’essence.

Le capitalisme, c’est le mal

FAUX. Bon naturellement tout dépend de votre définition du bien et du mal. Francis Heaulme n’a peut-être pas la même que vous. Alors : en quoi un système économique peut-il être réputé bon ou mauvais ? La réponse est simple : par les comportements que ce système favorise. Ainsi, nous dit-on, le capitalisme serait mauvais parce qu’il pousse les individus à se comporter en égoïste, à troquer les valeurs traditionnelles de solidarité pour le culte de l’Argent. De plus le capitalisme est apatride, et pire, sémite.

Eh bien, tout cela est vrai. Mais c’est précisément la raison pour laquelle le capitalisme est une bonne chose. Car ces comportements calculateurs ont pour conséquence d’engendrer une très forte abondance des biens et services, une efflorescence intellectuelle sans précédent et une progression sans fin des connaissances humaines. Et une fois leurs panses remplies, les humaines ont tendance à se montrer bien plus généreux : combien de membres de classes moyennes du Tiers-Monde ont-ils cotisé pour aider les victimes du Tsunami de Décembre 2004 ? Pareillement, les sociétés où l’on vante le plus la solidarité (où celle-ci devient à proprement parler, un mythe) restent infiniment moins généreuses que les sociétés les plus capitalistes : une plongée dans la société d’outre Atlantique vous fera ainsi remarquer à quel point, sans le claironner, les Américains sont disposés à aider leurs voisins en détresse – loin des beaux discours d’un certain pays où les étés trop chauds, plusieurs dizaines de milliers de grands parents peuvent bien rôtir seules, abandonnées dans la plus totale indifférence.

S.D. – CC7 « Le Capitalisme» – Décembre 2007


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire