lundi 17 janvier 2011

Un homme - Pedro Ier, Rey do Brasil

Le choix de Pierre Ier, pour donner un visage au Brésil, est plus politique que méritoire. En effet, on ne peut dénigrer le fait que Pierre offrit son indépendance au Brésil, et nombre d’entre vous pourrait s’étonner que l’on escamote ainsi la mémoire d’un monarque qui eut une telle incidence son pays. Mais en raisonnant un peu, on se  rend compte que son règne était loin d’être éclairé et qu’une colonie aussi vaste et riche que le Brésil ne serait jamais restée bien longtemps sous la tutelle d’un Portugal qui n’était plus vraiment au paroxysme de sa gloire. Son geste n’était peut être pas aussi désintéressé qu’il n’y parait (ou pas) mais nous ne sommes pas les dupes des historiens alors gardons notre esprit critique.

C’est en 1798 que le palais de Queluz, Lisbonne et le Portugal accueillent avec joie la naissance du quatrième enfant de Jean VI, roi du Portugal, du Brésil et des Algarves et de sa femme Charlotte Joachime d’Espagne.  Le deuxième infant du Portugal est alors prénommé Pedro de Alcântara Francisco António João Carlos Xavier de Paula Miguel Rafael Joaquim José Gonzaga Pascoal Cipriano Serafim de Bragança e Bourbon. Pour ne point commettre un crime de lèse-majesté en écorchant son royal nom, nous l’appellerons plus simplement Pierre ou, comme certaines commerçantes des bas-fonds de Rio, Papi Pedro (fait historique non vérifié).
Bref, lorsque le frère ainé de Pierre, Antoine, meurt âgé de seulement 6 ans, il devient donc légitimement l’héritier de la couronne du Portugal et son avenir semble se dessiner rectilignement.

Evidemment, cela n’aurait été que trop facile et heureusement qu’en novembre 1807, l’intervention d’un certain Napoléon Bonaparte soit venue pimenter la vie du jeune Pierre. Il s’embarque donc avec sa famille et la cour vers Rio de Janeiro qu’il atteint en mars 1808. Là s’établit le tout nouveau siège du gouvernement portugais.
En 1816, lorsque la reine du Portugal Marie Ière (sa grand-mère) s’éteint, il devient duc de Bragance et prince du Brésil. En 1817, il convole avec Marie Léopoldine d’Autriche (fille de l’empereur du même pays) qui lui offrira une tripoté de marmots.

En 1821, le destin de Pierre s’accélère enfin. Son père, Jean VI, rentre au Portugal et le laisse prince-régent du Brésil.  Au nom de son père, il prête serment à la constitution brésilienne. Pendant ce temps, la politique de centralisation que le gouvernement lusitanienne met en place, notamment en voulant reléguer le Brésil au rang de colonie provoque des remous dans tout l’empire brésilien. Pierre refuse alors de retourner au Portugal et, avec le soutien de la population, est nommé défenseur et protecteur perpétuel du Brésil en 1822.

En septembre 1822, il proclame l’indépendance du Brésil et il est couronné empereur le 1er décembre 1822 sous le nom de Pedro Ier.  En 1823, Pierre Ier éprouve de la peine à maîtriser son gigantesque empire et surtout à faire disparaître la résistance pro-portugaise. Pierre décide de dissoudre l’assemblée constituante ce qui commence à provoquer certains mécontentements.

1826 sera une année de deuil  pour Pierre qui perd sa femme ainsi que son père en mars. Cette dernière disparition le propulse au rang de roi du Portugal et des Algarves en tant que Pierre IV mais il abdique en faveur de sa fille ainée, la princesse Marie, alors âgée de sept ans. En effet, pourquoi devenir Pierre IV d’un pays comme le Portugal alors qu’on peut devenir Pierre Ier d’un empire presque cent fois plus grand ? C’est le petit frère de Pierre, Michel, qui se voit confié la régence du Portugal en attendant la majorité de sa nièce Marie avec qui il sera par ailleurs fiancé (bizarre ces têtes couronnées !).

Sa succession dans la vieille Europe assurée, Pierre profite de son nouvel emploi du temps pour se remarier avec Amélie de Beauharnais qui lui laissera une fille. Si ce nom vous évoque quelque chose, c’est sans doute parce qu’Amélie est la petite fille de Joséphine de Beauharnais, elle-même ex-femme de Napoléon Bonaparte. C’est à croire que même hors d’Europe, l’aristocratie s’exporte très bien malgré le cours chancelant du dollar.

Bref, alors qu’on pensait le destin de Pierre reprendre un cours moins virevoltant, les choses se gâtaient un peu  plus au Brésil. La manière antidémocratique qu’a Pierre de régir le Brésil engendre quelques révoltes qui le déstabilisent. Par la suite, il ne peut éviter une guerre avec l’argentine qui voit la sécession de l’Uruguay (1825-1828). De plus, il signe des accords commerciaux avec la Grande-Bretagne peu favorable au pays. En outre, son peuple considère qu’il a une politique étrangère trop pro-portugaise et le malaise s’installe définitivement dans la société brésilienne. Cerise sur le gâteau, son frère Michel (à ne pas confondre avec la mère Michelle), soutenu par les absolutistes, s’approprie le pouvoir au Portugal en se proclamant Michel Ier.

Affligé par le comble du comble, Pierre ne sait trop que faire mais le destin lui réserve encore quelques rebondissements. Des émeutes éclatent en mars 1831 dans tout le Brésil. Ce qu’on appelle « la nuit des carafes » solde l’aventure brésilienne de Pierre qui abdique, encore une fois, en faveur de son fils Pierre II mis en régence.

Pierre part alors du Brésil, en compagnie de sa fille Marie II du Portugal, et vogue vers les îles Açores à partir desquels il compte reconquérir le Portugal. Aidé par la France, le Royaume-Uni et l’Espagne, Pierre reprend le pays en mai 1834 et chasse son frère Michel et sa descendance selon le traité d’Evoramonte. Marie II est déclarée majeure et réinstaurée.  
Après tout ces rebondissements, la destinée et la tuberculose cessent de tourmenter Pierre qui, en septembre 1834, s’en va sous des cieux plus cléments. D’abord conservés à Lisbonne, ses restes, qu’il avait fort beaux d’ailleurs, sont rapatriés au Brésil, à Sao Paulo, en 1972, 150 ans après l’indépendance du pays. 

Malgré une gouvernance trop autocratique qui lui coutât le soutien de son peuple, Pierre Ier était patriotiquement attaché au Brésil. Ses erreurs de jugements l’ont directement mené à sa propre chute mais il réussi quand même à maintenir sa maison à la tête du Brésil et du Portugal. Peu d’éclats mais une belle trace dans l’Histoire.

J.S. – CC12 "Les Récompenses" – Mai 2008

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