Un persistant patriote porté au pouvoir pour la pérennité de la patrie.
Quand on pense à la Turquie, on évoque souvent le passage d’un Empire Ottoman décadent, tombant en décrépitude, à une république laïque, flirtant avec l’occident. Cette transition est, en grande partie, l’œuvre d’un homme, sorte de despote éclairé, dont le but était de faire renaître un phœnix, plus flamboyant encore, de ses cendres politiques et sociales. Cette homme, tenant un peu d’un Napoléon mais d’inspiration plus socialiste, n’est autre que le réformateur qui a jeté les bases de la Turquie moderne, Mustapha Kemal Pasa, dit Atatürk.
Né en 1881 à Thessalonique (ex-Salonique, situé en Grèce) de l’Union d’Ali Reza Efendi et Zübeyde Hanim, Mustapha est déjà résistant dans l’âme. En effet, il est l’un des deux seuls enfants d’une fratrie de six à avoir survécu aux vicissitudes du jeune âge. Son père, ancien fonctionnaire des douanes reconvertit dans le négoce de bois, l’envoie très tôt faire ses classes à l’école des cadets de Thessalonique. Il est bon élève, doué en mathématiques, il adopte le surnom de « Kemal » (« le parfait »en turc. La demi-mesure n’existait pas encore à l’époque!). Mais, la vie et ses imperfections le rattrapent, son père meurt précocement en 1888. Peu de temps après, Mustapha rentre au collège militaire de Monastir (aujourd’hui Bitojl, en Macédoine). N’ayant le choix, à l’époque, qu’entre les études supérieures théologiques ou militaires, il entre à l’académie de guerre de Constantinople en 1902. Entre autre, il y découvre la littérature et les idées de la révolution française. Il côtoie aussi l’élite et les intellectuels ottomans. Il sort de l’académie en 1905 avec le grade de capitaine.
Durant ses études, il fait partie d’une société secrète contre le pouvoir impérial, nommée Vatan. Il est arrêté, emprisonné quelques semaines et envoyé, sous forme de punition, en poste à Damas, en Syrie. Continuant à fomenter des plans contre le Sultan, il crée, en outre, une association révolutionnaire. Par la suite, il se fait muter à Salonique en 1907 et rentre dans une organisation révolutionnaire plus importante, Union et Progrès, mais il est marginalisé par la direction car trop souvent en conflit avec les différents leaders. En 1908, il se distingue avec les mouvements de jeunes-turcs qui se rebellent contre le sultan pour rétablir la constitution de 1876 malgré tout.
En 1911, il prend part à des combats en Tripolitaine (Lybie) contre les italiens. Ensuite il revient en Turquie lors de la première guerre des Balkans (1912-1913). C’est en 1915, durant la première guerre mondiale, avec le grade de colonel, qu’il tient tête à l’expédition des alliés à Gallipoli (Dardanelles). Reconnu pour son génie militaire, il y est nommé Général (Pacha). Les cercles du pouvoir, notamment le nouveau Pacha Mehmet VI, se méfient de son ambition et le tiennent à l’écart. En 1917, il est en envoyé en Arménie pour combattre les russes; en 1918, en Syrie contre les grecs et les anglais.
Mais la fin de la guerre approche, il vit mal la capitulation ottomane de 1918 et le démantèlement de l’empire. En 1919, Il en profite donc pour lancer sa révolution et rallier des partisans. Il ouvre des congrès nationaux, notamment à Sivas ou il est « élu » président du mouvement d’indépendance. Il installe son gouvernement à Ankara ou il prend la tête de la grande assemblée nationale.
Pour légitimer son pouvoir, il combat les armées du Calife, lutte contre les arméniens, soumet les kurdes, chasse les quelques contingents européens encore sur place et défait les grecs.
Fort de ses succès militaires, il obtient le titre de Ghazi (« le victorieux ») et arrache l’indépendance de la Turquie à la conférence de Lausanne en 1923. Ainsi, il dépose le sultan et déclare la république.
Cette même année, il en profite aussi pour se marier. Il épouse Latifé Usakligil, son idéal pour la femme turque. Avec elle, il adoptera un certains nombres d’enfants, notamment des filles.
Dès lors, la Turque lui appartient pour au moins quatre ans et il peut enfin mettre en place les réformes dont il avait rêvé. Il n’hésitera pas à utiliser des moyens radicaux voire autoritaires (ce qui lui sera quand même reproché!). Il interdira notamment les syndicats et les partis d’opposition. Une sorte de culte de la personnalité sera aussi mis en place.
Malgré tout, il rend la république laïque et occidentalise la société ainsi que l’administration. Il fédère la nation autour d’une forte identité turque. Il interdit notamment le port des coiffes locales et impose les vêtements européens. Il supprime aussi les écoles coraniques et relègue la culture islamique au second plan voire même plus loin.
Sous son ère la Turquie adopte le calendrier grégorien et les systèmes de mesure européens. Mustapha modernise le système éducatif, permettant l’accès à l’enseignement pour toute la population. Un nouveau code civil est adopté, basé sur le modèle suisse.
Il fait aussi instauré l’alphabet latin (1928), plus simple, et les noms de famille (1934). Lui-même prend le nom d’Atatürk « père de tous les turcs ». Fait marquant, les femmes bénéficient désormais des mêmes droits que les hommes (dix ans avant la France, en 1948!!). La répudiation ou la polygamie sont abrogées.
Atatürk est réélu trois fois après son premier mandat, en 1927, 1931 et 1935 durant lesquels il dote la Turquie d’une industrie lourde et d’un réseau de communications efficace. Il refusera de briguer la présidence plus longtemps préférant ne pas accaparer le pouvoir pour produire une réelle transition démocratique.
De toute façon, il décédera seulement quelques années plus tard, en 1938, des suites d’une cirrhose. Ses restes se trouvent, désormais, dans un mausolée à Ankara.
Mustapha Kemal Atatürk n’en reste pas moins un personnage complexe et controversé. Il aura permit à la Turquie de reprendre en main sa destinée, de s’extraire d’un empire en déroute et de se placer au rang des « nations civilisées ». Mais ces changements si soudains auront eu un prix. Il musela l’opposition et massacra certaines minorités ethniques, tels les arméniens ou les kurdes (1925), au nom d’une unité de la patrie.
Sur le plan personnel, il s’avéra aussi être un bon buveur et un coureur de maîtresses même si sa maîtresse préférée ne fut, en tout et pour tout, que la Turquie elle-même.
Mais bon, comme l’on dit: Nobody’s perfect! Even Mustapha Kemal Atatürk.
J.S – CC17 "La Rencontre" – Janvier & Février 2009
Sources :
www.wikipedia.fr
fsa.ulaval.ca/personnel/VernaG/leadership/disk/turquie_index.htm
histoiresdememoire.org/spip.php?article575
Grand Larousse encyclopédique
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