mardi 25 janvier 2011

SouDev - Sao Tome

Après un été 2008 intensif mais peu productif, c’est avec plaisir que je vous retrouve dans cette rubrique Sous Développons – SD – Soutenable Développement, qui nous fera découvrir la capitale de ce petit état bi insulaire lusophone qu’est São Tomé e Principe (Saint-Thomas-et-Prince). Situé au cœur du Golfe de Guinée, cet archipel composé de l’île de São Tomé comportant la capitale São Tomé (~ 50'000 habitants) et l’île de Principe ne représente qu’une population avoisinant les 200'000 habitants pour une densité fort raisonnable de 200 hab./km2. Découverte le jour de la Saint-Thomas, en 1471 par les navigateurs portugais João de Santarem et Pedro Escobar, la colonie portugaise est connu pour ses plantations de canne à sucre, puis elle obtient son indépendance tardivement le 12 Juillet 1975 : régime communiste jusqu’en 90, puis démocratique.


Carte de la migration humaine (Unité : millier d’année)

Considéré comme étant l'un des pays les plus pauvres, les moins avancés et les plus endettés du monde avec 50 % du PIB est assuré par l'aide internationale, l’économie (PIB/hab: 390 US$, inflation de 22%) est essentiellement basé sur le tourisme, l’exploitation des cultures rentières de café et cacao, la pêche et le pétrole avec la découverte de réserves d’environ  2 milliards de barils qui risque de changer et spolier de façon drastique ce pays si paisible et agréable. En effet, avec une culture généreuse (biennale de l’art bi-annuel, association de capoeira, danse traditionnelle issu de la culture locale et de l’ancienne colonisation portugaise, mélange musicaux lusophone dont le fameux zouk são tomense) et des paysages fantastiques entre plage paradisiaque avec ses barrières de coraux et forêt équatoriale impressionnante avec ses formations rocheuses phalliques, on comprend aisément pourquoi les portugais et les expatriés de la sous-région viennent en masse visiter ce pays enivrant, avec d’un côté des hôtels de luxe pour le confort des occidentaux et de l’autre des éco-lodge situés dans des anciennes maisons de plantation coloniale portugaise de café et cacao (principale exportation historique et actuelle du pays). Le tout entouré de parcs nationaux et d’un jardin botanique crée par la commission européenne, source de biodiversité et de plante médicinale exceptionnelle. Le bonheur, lui se trouve à chaque coin de rue, entre l’alcool bon marché, les concerts sur la plage, les fêtes religieuse (catholique à 82%) et la fameuse expression « tranquille, tranquille » qui reflète parfaitement l’état d’esprit insulaire.

Finalement, mise à part l’ombre d’une future exploitation pétrolière, et l’augmentation démographique constante, ce pays semble soutenable malgré la prolifération des motocyclettes et automobiles. Et pourtant, toutes les générations s’accordent que la qualité de vie était bien meilleure durant la colonisation ! Effectivement, dans les plantations de cacao et café, dont certaines sont encore en activité, les employés cap verdiens, angolais et mozambicains, séparés pour éviter les conflits culturels, étaient nourris, loger, blanchis et avaient accès aux soins dispensés par l’hôpital et leurs enfant recevaient aussi une éducation gratuite au sein de la plantation bien qu’issus de l’esclavage. Aujourd’hui, l’éducation et la sécurité sociale sont les carences du pays.


Carte de distribution de la biodiversité végétale

Cependant, cette escapade sur un territoire limité en ressource, avec une population en augmentation et une biodiversité en déclin prête à une réflexion plus globale.  Les plus grandes découverte de l’humanité ont été les suivantes : Astronomique : La terre n’est pas le centre du monde, Copernic & Galilée ; Biologique : L’humanité est issue de l’évolution animale, Darwin ; Psychologique : Découverte de l’inconscient prouvant l’absence de domination par les pulsions, Freud ; Archéologique : L’humanité saccage la planète par l’élimination des espèces « Hubert Reeves ?». Effectivement, 50% des espèces vivantes sont menacées de disparition, et l’érosion de la biodiversité augmente, passant d’un rythme d’extinction à l’état naturel de 1/400 ans à un état actuel de 1/mois. Il y a déjà eu 5 périodes d’extinction majeures au cours de l'histoire de la vie sur Terre, en particulier la 3ème ou 90% des espèces ont disparus et la 5ème sonnant la disparition des dinosaures dû à une météorite suivi d’un gigantesque feu de forêt. L’histoire nous apprend donc qu’aucune espèce n’est éternelle, que seules celles qui peuvent s’adapter à un cataclysme survivent. Ainsi est le comportement de la nature, les espèces qui durent sont celles qui peuvent s’adapter à des conditions nouvelles. L’extinction des espèces n’empêche pas la terre de continuer à vivre. Le but de l’écologie est donc d’éviter d’être victime d’une 6ème extinction, causant la disparition de l’espèce humaine. L’humanité est la cause et le sauveur potentiel de cette 6ème extinction. Nous menons une guerre contre la nature, si nous gagnons, nous sommes perdus.

Voici un bref historique de cette possible 6ème extinction en corrélation directe avec la migration de l’humanité (voir la carte ci-jointe).
Il y a 200'000 ans : naissance de l’homo sapiens sapiens dans notre berceau africain, la faune sauvage africaine s’habitue donc à sa présence permettant de s’adapter, de résister et de survivre face au chasseur sanguinaire qu’est l’homo sapiens sapiens , les animaux ont appris par méfiance à se défendre.
Il y a 100'000 ans : La période de glaciation causé par la variation de la distance terre-soleil, permet à l’homme de traverser à pied de nombreux continents grâce à la diminution du niveau de la mer de 120 cm. Il lui faut se nourrir et se protéger pour survivre, il a donc besoin de chasser grâce à ses armes, et de détruire les habitats de ses super prédateurs.
Il y a 40'000 ans : La première vague d’élimination avec la disparition de la mégafaune ayant survécu à 10 périodes glacières.
Il y a 10'000 ans : La seconde vague avec la navigation permet à l’humanité d’atteindre des territoires jusqu’alors inexploré tels que la Polynésie, la Nouvelle-Zélande et Madagascar entraînant l’extinction de la mégafaune, puis durant la période des grands explorateurs de du XVème au XVIIIème siècles l’arrivé de l’humanité sur les derniers territoires vierges entraîna la disparition de nombreuses espèces.
Il y a 100 ans : La troisième vague avec l’aviation rend le transport plus rapide, et le XXème siècle amorce la déforestation, la destruction des habitat, la fragmentation des territoires, le braconnage. Mais ce n’est pas tout, les coraux sont menacés par le réchauffement des océans, les cyclones, la pollution, les explosifs ; les abeilles et les papillons représentant 80% des fécondations des espèces végétales sont aussi menacés.
De plus, le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction augmente jusqu’à la signature de la convention de Washington en 1973. La réintroduction de certaines espèces sauvages est un équilibre subtil avec les élevages existant. Un cas intéressant est la future introduction de l’ours polaire dans ces espèces en voie de disparition dans la convention de Washington, menacé par la fonte de la banquise dû au réchauffement climatique, sont introduction est une réelle prise de conscience. L’arrivé de l’homo sapiens sapiens corrèle parfaitement avec la disparitions d’autres espèces et l’augmentation de la population humaine sur un territoire est synonyme de destruction de la biodiversité. La corrélation inverse impliquant une augmentation de la biodiversité par la diminution de la présence humaine est-elle une solution ? L’important, face à un tel obstacle, n’est pas d’être pessimiste ou optimiste, mais d’être déterminé.

C.P. – CC15 « L’Europe» - Septembre & Octobre 2008

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