Genève, la plus internationale des villes Suisse : ce joli pays reconnu pour sa diversité linguistique (voir la carte ci-joint) et ses initiatives pionnières dans les coopératives biologiques qui ont été reprise ensuite en France : Réseau Biocoop, Agence bio. A ce propos, l’entreprise de grande distribution Suisse, Migros, est considéré comme le plus engagé du monde dans la promotion du développement durable selon l’agence de notation Oekom Research. Genève traduit aussi à merveille cette tradition Suisse de neutralité et de terre d’accueil. En effet, abritant de très nombreuses organisations internationales, la ville est considérée comme possédant une des meilleures qualités de vie au monde.
Genève compte autour de 180'000 habitants, mais comme son aire urbaine s’étale sur une agglomération transfrontalière appelée le bassin genevois, elle est le centre régional de 780'000 habitants. Genève est souvent réputé pour son chocolat, et son horlogerie, mais elle est surtout reconnue surtout par sa dualité entre grande place financière européenne et grande place institutionnelle mondiale. Les Nations Unis, le Comité International de la Croix-Rouge, l’Organisation Internationale pour les Migrations, l’Organisation Internationale pour le Travail, et l’Organisation Internationale pour la Santé côtoie de nombreuses banques privées et leurs secrets bancaires. Certaines banques suisses, dont UBS, ayant été récemment accusé d’inciter les contribuables à dissimuler leur argent et de participer à l’évasion fiscale, dernièrement, Genève a plus souvent été montré du doigt pour son aspect de paradis fiscal au cœur de la crise financière que comme accueillant des organismes internationaux garants du bon fonctionnement de notre planète.
Pour contrebalancer ces accusations de détournement de l'argent des Etats affaiblissant les démocraties aux seuls bénéfices des riches, il est dans l’intérêt de l’image de cette ville de parler un temps soit peu de d’altruisme. Dans ce domaine, la signification différente de certains termes est trop souvent confondue, nous allons donc nous efforcer de les définir. Tout d’abord, l’altruisme est le souhait qu’autrui trouve le bonheur, la générosité sans rien en retour, ou l’éthique de réciprocité : 'traite les autres comme tu voudrais être traité’. Dans une moindre mesure, la charité désigne la vertu qui porte à faire le bien d'autrui, l’amour à l’égard de son prochain par le bais de don en offrant du temps, de l’argent, un service ou tout simplement de l’amour à une personne dans le besoin. Il s’agit donc d’une initiative privée et désintéressée d’un don, par définition intemporel de biens matériels ou immatériels sans attente de contrepartie.
Il est donc facile de distinguer, le don d’argent (donation) ou de temps (bénévolat), le contre-don par échange de bien et de service (troc ou Système d’Echange Local), et le prêt d’argent (investissement à taux nul) ou de temps (volontariat). Effectivement, bien que les deux soient considérés comme un état passif de l’homme, la donation d’argent est différente du prêt d’argent, car ce dernier implique de récupérer son argent au bout d’un certain temps mais sans aucun intérêt à la différence de l’investissement. De même, bien que les deux soient considérés comme un état actif de l’homme, le bénévolat se différencie du volontariat dans le sens où le volontaire reçoit une indemnité financière ou en nature en contrepartie du service rendu, ce qui n’est pas le cas du bénévole. Quant au troc ou SEL, souvent considéré comme du commerce non marchand car appartenant au système informel non déclaratif qui échappe au système dominant de l’économie de marché, il consiste à l’échange direct ou différé d’un bien, d’un service ou d’un savoir considéré comme équivalent par les deux parties. C’est donc un type de transaction économique sans moyen de paiement monétaire, un don associé à un contre-don.
Pour revenir au don d’argent (donation), il ne faut pas confondre un philanthrope et un mécène. La philanthropie, s’opposant à la misanthropie, est une sorte de solidarisme libéral ou chacun est libre de s'engager, d'aider l'autre sans contrainte. C’est une philosophie ou doctrine de vie qui met l'humanité au premier plan de ses priorités en cherchant à améliorer le sort de ses semblables par des dons en argent (fondation ou soutiens d’œuvres) le tout motivé soit par l’importance de la charité, mais aussi de la sobriété (ascétisme ou refus de gourmandise) et du refus du luxe ou de l’avarice. Le mécénat, n'est généralement pas un don d’argent sans contrepartie, puisque le mécène ou la fondation d’entreprise en attend un bénéfice en termes d'image de marque et de reconnaissance par la promotion et par le soutien (influence et aides financières) de projet de création ou diffusion dans le domaine de l’art, des lettres, de la culture, de la recherche, de l’éducation, du sport, de l’innovation. La limite avec le sponsoring contraint au mécène à une certaine rigueur pour éviter l’accusation.
Les fondations d’entreprises et autres donateurs sont souvent critiqués pour leur mécénat de sponsoring ou leur philanthropie humanitaire d’urgence qui déséquilibre les donations vers des projets sans intérêt autre que la reconnaissance ou trop centré sur l’aide humanitaire ou sociale oubliant ainsi une redistribution équitable entre les projets de développement, les projets sociaux, et surtout les projets environnementaux trop souvent oubliée par manque de valorisation. En effet, il toujours plus facile de valoriser qualitativement une action humanitaire ou sociale car il a lien beaucoup plus directe avec l’individu donateur, alors que dans le cas de préservation de la nature, de développement de produit biologique et éthique, de conservation de la biodiversité ou des services éco systémiques, le lien est beaucoup moins palpable et difficile à valoriser.
De ce fait, les donations ou bénévolats sont très éloignés de véritables objectifs développements durables car traitant trop souvent à court-terme des conséquences sociales et humanitaire d’un développement qui n’est justement pas durable au lieu d’en modifier les causes écologique. Car la charité et la philanthropie (Du grec philos = ami, et anthropos = homme) d’une personne ne doit pas émerger par pur humanisme dans le sens de humanitaire et anthropocentrique, mais dans le sens du respect de la vie (en latin biota) et de la nature (en latin natura) afin d’assurer la survie de l’humanité sur cette planète en équilibre instable. Devenons ainsi des « philbiothrope », des « philvivathrope » ou des « philnathrope », des acteurs proactifs de la rupture nécessaire grâce au don ou au prêt d’argent et de temps comme leviers pour transformer notre économie de manière pérenne. Et ceci, grâce à la redistribution de fonds ou de patrimoines privés dans le financement direct du contre pouvoir de la société civile par le biais d’association ou dans le financement de projets concrets globaux et locaux.
Lié à la création de valeurs économiques, sociales et environnementales en échange des dons (et des prêts) dans le but de limiter et réparer les dégradations et tournées vers le curatif, la réhabilitation mais aussi vers le préventif et la compensation. Il y a aujourd’hui, non seulement un manque de donateur et de préteur important sur l’ensemble du globe mais aussi un énorme problème de centralisation, de répartition, et de valorisation transparente. Et ceci pour diverses raisons : société individualiste basée sur l’apparence et la convoitise et non la générosité et le renoncement, attente de retour sur investissement important et vision court terme de la création de richesse uniquement financière (rentabilité) qui ont mis au second plan les approches philanthropiques. En plus de ces faits de société, nous observons aujourd’hui une absence d’informations concrètes sur les bénéfices apportées par la donation ou le bénévolat, absence de centralisation des donations et du bénévolat, difficulté d’accès à ce genre d’échange et de valorisation éco-socio-environnementale des dons et des prêts. (R)Évolution… ici et maintenant.
C.P. – CC17 « La Rencontre » - Janvier & Février 2009
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