mercredi 26 janvier 2011

Musiquons - Le Palmarès

Dans le monde de la musique, ce ne sont pas les cérémonies de remises de prix qui manquent. Grammy Awards, Victoires de la Musique, Billboard Music Awards, NRJ, MTV, Plug... plus d'une centaine de mascarades nationales où internationales, ultra sponsorisées et formatées, laissent à penser qu'il faudrait vraiment être un parfait raté pour faire de la musique et ne pas réussir à accrocher un prix.

Cependant il existe un mépris latent envers ces récompenses, et peu d'artistes accordent vraiment de l'importance. Tiens par exemple,* Maynard James Keenan, *chanteur du group de rock progressif "Tool", s'est permis de sécher les Grammys alors qu'il était primé :

*I think the Grammys are nothing more than some gigantic promotional machine for the music industry.
They cater to a low intellect and they feed the masses. They don't honor the arts or the artist for what he created. It's the music business celebrating itself. That's basically what it's all about. *

Evidemment, vous me direz que le leader d'un groupe de rock prétentieux et bourrin qui se rebelle contre le système, ce n'est pas forcément l'opinion la plus intéressante à citer. Cependant sa candeur et sa spontanéité (presque touchantes) nous poussent tout de même à nous interroger sur la légitimité de ces trophées. Sont-ils l'affirmation d'une conception du bon goût? Sont-ils le reflet de leurs époques? Et surtout, les artistes qui ont compté ont-ils été primés?

Non, non et NON!

Les Grammys, créés en 1958, sont tenus par la *National** Academy** of Recording Arts and Sciences*, elle-même datant de 1957. La motivation première de cette nouveauté était d'introduire d'autres critères que les simples ventes de disques afin d'identifier identifier les artistes qui se démarquent du lot (et qui méritent leur étoile sur Hollywood Boulevard). Comme il s'agissait d'une véritable nouvelle Académie, les choses ont été faites sérieusement. Aujourd'hui, plus de 150 experts sont sollicités pour examiner les œuvres de l'année  méticuleusement chanson par chanson, note par note. Puis les gagnants sont désignés par plusieurs séries de votes à bulletins secrets.

Tout ce sérieux, pour se retrouver au final avec un casting terriblement prévisible, et répétitif… pour 2007, Amy Winehouse rafle 5 parmi les plus importants trophées, Madonna a gagné un nombre incalculable de Gramophones plaqués or, et dès les premières années, on voit apparaître une omniprésence de Sinatra, Ella, Barbara Streisand, Henry Mancini...

Ce problème de récurrence se retrouve à peu près dans toutes les autres cérémonies de ce type. Prenons par exemple les Victoires de la Musique. Lancées seulement en 1985, le palmarès des premières années est une véritable illustration de la culture variétés et FM française, et reflète toute une époque. Michel Jonasz, Balavoine, Goldman, Cabrel, Rita Mitsouko, Gainsbourg, Nougaro…

Mais sur les années suivantes, même si la qualité de leur travail est véritablement au rendez-vous, on fatigue un peu en voyant réapparaître tous les ans, Alain Souchon, Laurent Voulzy, Johnny.

Sans doute conscients de ce problème de récurrence, les Victoires se sont donc ouvertes à de nouveaux styles : techno, rap, musiques du monde. Résultat : une démultiplication des catégories qui sonne sérieusement faux…

Ce genre de comportement méiotique des Grammy ont valu à notre ami Homer Simpson le prix pour « Outstanding Soul, Spoken Word, or Barbershop Album of the Year »

Si les Oscars, les Césars, et tous les festivals autour du cinéma ont réussi à asseoir une renommée presque écrasante, force est de constater que tout ce qui tourne autour de la musique est un échec retentissant. ON pourrait très bien s'en passer !

Cependant, il faut reconnaître qu'en faisant quelques recherches pour écrire cet article, je suis tombé sur quelques petites madeleines de Proust qui valent leur pesant de cacahouètes…

Jil Caplan, Christopher Cross, Roberta Flack, Harry Nilsson, Enzo Enzo, MC Solaar, Manhattan Transfer….

J.H. – CC12 « Les Récompenses» – Mai 2008

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