mercredi 26 janvier 2011

La récompense de l’ « amour » : fruit de l’effort ou du hasard ?

Pour obtenir une récompense, il faut l’avoir méritée. Un travail demandant des efforts sans relâche, tel l’entraînement sportif avant une compétition, permet d’obtenir le premier prix ; des révisions rigoureuses avant un examen permettent d’obtenir les meilleures notes du lycée ; et un régime strict permet à certaines de rentrer dans leur maillot avant l’été. Inversement, sans effort, on obtient bien peu souvent des récompenses : il serait bien difficile de battre le record du monde de saut de haies (à moins d’être pourchassé par un tigre dans la jungle peut-être), d’être major prom, et d’avoir un corps de mannequin sans mettre de la volonté et du travail.

De même, les mœurs de notre société contemporaine concernant les relations homme-femme suggèrent qu’il est bien vu, voire recommandé, de trouver un partenaire avec lequel choisir de s’accoupler durablement au sortir de l’adolescence afin de se reproduire (et, accessoirement, de vivre heureux). Le schéma traditionnel – hormis celui prôné par le catholicisme et autres religions moralisatrices - encourage dès la puberté les jeunes hommes et femmes à multiplier les expériences amoureuses avant de trouver leur récompense ultime : l’âme sœur.

Ainsi, la relation amoureuse est perçue dans notre culture comme la récompense finale après une recherche longue et effrénée. Au-delà de l’ère actuelle, depuis des siècles on nous pousse à croire en la « récompense » de l’amour : Cendrillon finit par épouser le prince Charmant après avoir passé une enfance à récurer le sol de la salle de bains ; la Belle au Bois dormant épouse également le prince Charmant (le cousin du premier) après avoir été enfermée dans une tour et forcée à dormir pendant des années. Et, plus récemment, Ross et Rachel finissent par se remettre ensemble, après leur désaccord sur la relation extra-conjugale (ou non) de Ross avec la fille du magasin de photocopies et qui a duré 6 ans (le désaccord, pas la fille !).

Mais qu’en est-il de tous ces Ted Mosby (architect)  et Ally McBeal qui sont désespérément à la recherche de l’âme sœur, et qui, malgré tous leurs efforts, ne sont pas « récompensés » dûment ? Pourquoi certains trouvent-ils l’amour au coin de la rue, alors que d’autres rament et écument les bars pour trouver ne serait-ce qu’une marin en uniforme ou une sirène (mi-femme, mi-thon) d’un soir ?

La réponse est complexe. En tant que célibataire, ne vous-êtes vous jamais demandé pourquoi tous les hommes (ou toutes les femmes) célibataires ne vous méritaient pas comme récompense ? Vous-même, vous faites du sport, faites attention à votre apparence, lisez Courrier International pour élargir votre culture générale, sortez souvent, rencontrez beaucoup de nouvelles personnes, et pourtant rien n’y fait, vous n’arrivez pas à trouver quelqu’un qui vous plaise.

L’on trouve souvent des défauts aux postulants qui se présentent à nous. Ceci peut s’expliquer facilement : la loi de Murphy est incontestable, lorsqu’on cherche à se caser, on se retrouve confronté au choix suivants, à quelques exceptions près :


Vous recherchez à
Une femme
Un homme
Vous trouvez:
Physique
Belle
Moche
Beau
Moche
Personnalité
Un vide interstellaire
Sympa, drôle
Cultivé, intelligent
Nerd
Détail qui tue
Elle croit que Zidane était président et ne connaît même pas Benzema.
Elle vous bombarde de textos alors que vous lui avez parlé 5 min en soirée.
Il est gay.
Il postillonne, habite chez sa mère et vous fait des commentaires pervers au bout de 2 min de conversation.


Aux yeux de ce choix peu alléchant, l’on pourrait être tenté d’envisager les solutions suivantes :
-       Déménager
-       Draguer le copain de la voisine (ou la copine du voisin etc.)
-       Devenir aveugle
-       Faire vœu de célibat et se donner à l’église.
-       Finir par sortir avec quelqu’un listé ci-dessus.

Alors comment font les gens accouplés pour se trouver l’un l’autre ? L’on pourrait émettre l’hypothèse du hasard ainsi que celle du timing pour expliquer certains accouplements réussis : Mickey et Minnie (deux souris qui portent des vêtements, c’est rare), Sarko et Carla Bruni, Brad et Angie forment en effet des exemples de couples très heureux.

Mais qu’est-ce qui explique ce hasard fortuit et la récompense savoureuse qu’est l’amour ? Ces couples ont-ils fait des efforts dont on ignorerait le secret ? Méritent-ils d’être plus heureux  que les célibataires ? Mais après tout, qui dit qu’ils sont plus heureux à deux ? Qu’est-ce qu’être en couple  au juste ?

Malgré l’image positive des relations amoureuses que nous inculque notre société, même des couples comme Monica et Chandler apprennent à faire des concessions : au-delà de la possibilité d’avoir des relations sexuelles régulières, le couple peut être vécu comme une bagarre constante pour se justifier et gagner en liberté. On peut voir le couple comme une défaite, à force d’accepter des compromis et d’être contraint à voir la belle-famille tous les week-ends. Sous cette nouvelle lumière, la vie de couple ne paraît plus si alléchante. Et en regardant de près, on voit que beaucoup de couples sont en fait des combinaisons des personnes décrites dans le tableau ci-dessus (exemple : M. et Mme Ribéry, malgré les opérations de chirurgie esthétique de Madame).

Ma conclusion : la récompense est d’être heureux avec ce que l’on a, peu importe que l’on soit en couple ou non !

A.D. – CC12 « Les Récompenses» – Mai 2008

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