mardi 25 janvier 2011

Crise, faillite et dépression : le tiercé perdant

Lundi 15 Septembre 2008 : la banque Lehman Brothers annonce sa faillite, ruinée par la crise des subprimes. Le gouvernement américain, qui vient pourtant de sauver l’assureur AIG pour plusieurs dizaines de milliards, a décidé de ne pas intervenir pour renflouer l’une de ses banques les plus prestigieuses.
Conclusion : toutes les autres banques se demandent combien elles ont perdus avec cette faillite. Et surtout, elle s’interroge pour savoir qui sera la prochaine à tomber. L’emprunt interbancaire, moteur de l’économie mondiale est alors suspendu, par peur de pertes plus grandes encore. Les entrepreneurs ne trouvent plus de financements pour payer leurs investissements, d’autres doivent couper dans leurs effectifs. La panique s’installe sur la planète Terre. Plus important encore, la confiance des grands acteurs économiques vole en éclat. Six mois plus tard, cette confiance fait toujours défaut malgré les trilliards de dollars qui ont été investis dans l’économie mondiale, par l’initiative, entre autre, du G20. On annonce une reprise en 2010, ou en 2011, voire plus tard… Telles sont les causes et les conséquences de cette crise qui remplissent nos journaux et nos conversations quotidiennes.
On pourrait penser qu’un voyage dans le temps, pour revenir au 14 Septembre 2008, aurait empêché tous ces désagréments. Mais sauver le soldat Lehman aurait-il vraiment changé les choses ? On peut sérieusement en douter.
Tout d’abord, l’histoire nous a prouvé que les crises étaient cycliques. Si l’on en croit l’économiste soviétique Kondratief, l’économie mondiale est condamné à subir une crise tous les 50ans environ. Pour l’économiste Juglar, ces cycles se reproduiraient tous les 8 ou 10ans.
La dernière grande dépression, dite crise de 1929, s’est en fait terminé avec la fin de la 2nd Guerre Mondiale. C’était il y a 54 ans. La dernière crise boursière date elle de Mars 2000 avec le rachat de Time-Warner par AOL, il y a un peu plus de 8 ans. A cette époque, les investisseurs ont pris conscience que les nouvelles technologies de l’information (Internet, téléphones portables,…) s’étaient vu trop belles et surtout beaucoup trop tôt. Cette crise, dite des start-up , voit donc son fondement dans la confiance perdue dans des sociétés qui, bien que novatrices, ne dégageaient aucuns bénéfices.
La bonne nouvelle, c’est que le capitalisme en est toujours ressorti plus fort. Mais, il faut s’y faire, une croissance à 2 chiffres pour l’éternité, ce n’est pas possible. Ainsi, tous ces gens qui passent leur temps à chercher des responsables peuvent en ajouter un nouveau à leur liste : le destin.
La crise d’aujourd’hui semble s’être déclenchée avec une défaillance du système financier. Mais en réalité, la crise des subprimes n’est qu’une simple conséquence du modèle économique globale. Car l’économie, c’est avant tout l’art de l’utilisation des ressources sur le long terme. Exemple : maintenir le prix du baril de pétrole à un niveau élevé. Evidemment, les inconvénients sont nombreux, surtout pour les consommateurs (excepté ceux de l’Arabie Saoudite…). Mais garder ce niveau élevé a également son avantage : permettre de développer des technologies de remplacement.
La crise actuelle voit donc son fondement dans une mauvaise interprétation des cycles économiques et à la volonté du genre humain d’en vouloir toujours plus, sans prendre connaissance de leurs erreurs passées. Cette volonté est louable mais reste destructrice de valeur sur le long terme. En fait, les meilleures théories économiques ont toujours reposé sur la modération. On peut alors se demander si la meilleure solution ne serait pas de piocher quelques idées dans chacune des grandes théories économiques (Capitalisme, Communisme, développement durable) pour atteindre la plénitude. De tout temps, l’extrémisme économique à montrer ses limites. Ce sont celles du modèle capitaliste que nous voyons aujourd’hui.

A partir de la, on pourrait en conclure que ne rien faire permettrait de sortir plus rapidement de cette crise. Cependant, un pur statuquo ne donne jamais rien de bon. Pour avoir eu peur de l’avenir, Français et Anglais ont mit 107 années pour sortir de la crise connu pendant la Guerre de cent ans. En ne s’adaptant pas à leur nouvel empire, les civilisations égyptienne, grec et romaine ont tout simplement cessé d’exister. Il faut donc agir, en se posant les bonnes questions. Comme souvent, il s’agit avant tout d’un problème confiance. L’exemple des subprimes en est la parfaite illustration. Apeuré par des remboursements d’emprunts de plus en plus aléatoires, les rehausseurs de crédit ont commencé à vendre leurs titres dit pourris. Ne trouvant pas la demande nécessaire, ces titres ont été peu à peu bradés, expliquant leurs valeurs quasi-nul aujourd’hui. De plus, si l’économie mondiale est actuellement en récession, c’est parce que les banques et les différentes nations n’ont pas suffisamment confiance dans l’avenir pour prêter de l’argent inconsidérément.
Pour regagner la confiance de leurs concitoyens, les différents états, Etats-Unis en tête, ont commencé à racheter ces fameux titres toxiques. Espérons que cette stratégie sera efficace. Car, le risque existe. Il se peut qu’un jour, les différents acteurs économiques n’aient plus confiance dans leurs propres états, criblés de dettes. Evidemment, la vente du Mont Rushmore, de la muraille de Chine ou de Big Ben pourrait combler ces déficits. Mais, dans ce scénario catastrophe, les acheteurs potentiels risquent d’être assez frileux…
Souvent, les crises se résorbent d’elles même, tout juste aidé par la fin d’une guerre planétaire ou par de géniales inventions. Le train à vapeur ou l’électricité par exemple. Aujourd’hui, l’accès direct à l’information, source de liberté pour les peuples, permet difficilement de telles prouesses. Tout se sait bien trop vite, bien trop tôt… Espérons que quelque part sur notre terre, des hommes intelligents travaillent dans l’ombre, aux succès technologiques du futur. Ce sont elles qui garantiront notre richesse future, bien plus que le modèle mis en place.

F.B. – CC18 « La Faillite » - Mars & Avril 2009

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