Quantum of Solace (littéralement traduit par « Quantum de réconfort ou d’humanité ») se présente comme la suite directe de Casino Royale (fait unique pour un James Bond, l’action débute exactement une heure après le générique final de ce dernier). Interprété par Daniel Craig, Casino Royale avait marqué les esprits en créant une rupture : disparu le flegme britannique, 007 devenait blond, brutal, mais un peu cœur d’artichaut. En résumé, comment tuer un mythe pour mieux le ressusciter ! (Casino Royale a d’ailleurs connu un succès mondial).
Marc Forster, réalisateur Suisse installé à Hollywood (A l'ombre de la haine, Neverland, Les Cerfs-Volants de Kaboul), était donc chargé de mettre en scène les tourments psychologiques de ce nouveau Bond, qui, animé par le désir de venger la mort de Vesper (Eva Green dans Casino Royale) passe la première moitié du film à abattre cruellement tous les agents adverses. Il croise alors la route de Camille (la magnifique Olga Kurylenko) qui cherche elle aussi à se venger. Ensemble ils tenteront de remonter à la source d’une gigantesque organisation qui fomente un coup d’Etat et fricote avec la CIA.
Vous l’aurez compris, le scénario n’est pas le point fort de Quantum of Solace et les tortures psychologiques de 007, ne sont pas sans rappeler celles de Jason Bourne. Ajoutez à cela une caméra qui a tendance à avoir la bougeotte lors des scènes d’action et un méchant pas franchement terrorisant interprété par Mathieu Amalric. Oui mais …
Ce Bond ne se limite pas à cela. En effet à y regarder de plus près, il se veut résolument moderne (moins d’histoires à l’eau de rose avec les James Bond girl) et bien plus centré sur le mental de notre agent secret favori : une des bonnes raisons d’aller voir le film est tout de même l’immense charisme de Daniel Craig et l’étoffe qu’il a su donner à son personnage. On assiste ici aux débuts de James, on sent bien que le personnage n’est pas encore cet anglais distingué, mais une brute abusant de son permis de tuer pour cacher son mal être intérieur et ses états d’âmes amoureux. La colère gronde en lui et James aura du mal à passer l’étape supérieure : oublier Vesper et devenir un bon soldat. Le titre du film y fait directement allusion : dans un chapitre intitulé Quantum of Solace (du roman de Ian Fleming For your Eyes Only), James Bond discute lors d’une réception avec l’ambassadeur local de ce soupçon de réconfort qu’il est bon d’atteindre dans toutes relations amoureuses. Sans cette « étincelle » une relation n’aurait pas d’avenir. Or, Bond n’a pu atteindre ce minimum puisque son amour est mort avant cela. A la poursuite d’un réconfort qu’il n’effleurera même pas, Bond deviendra par la suite bien plus froid et moins sentimental qu’à ses débuts, tels qu’en témoignent les films avec Sean Connery.
Quantum of Solace est un véritable film digne du cubisme de Picasso par le phénomène de décomposition-recomposition qu’il met en scène : certains détails sont repris comme la fille retrouvée morte enduite de pétrole, un châtiment réservé aux traitres dans Goldfinger, mais avec de l’or, ou bien la magnifique scène finale avec M sous la neige lors d’une nuit glacée ne peut que faire référence aux James Bond du temps de la guerre froide… On sent de plus monter en puissance le spectre d’une organisation bien connue, grande rivale du FBI et du MI-6 des précédents James Bond, dont Matthieu Amalric n’était qu’un des multiples sous fifres. Le tout filmé de façon épurée et stylisée comme le début de la première scène d’action : voitures de sport s’entrechoquant lourdement sur fond de musique rappelant des battements de cœur, puis élargissement du plan de vue et explosion de la musique. Bref, tout cela est monté avec brio et annonciateur d’un futur bien noir pour notre James adoré, une réussite donc !
A.P. – CC16 « Le Secret » - Novembre & Décembre 2008
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