Non ceci n’est pas un de ces films traitant de la banlieue, de son ambiance malsaine, de ses victimes et de ses coupables. Non, ici pas de jugement stéréotypé : le film nous immerge dans la vie réelle de la 4ème 3 du collège François Dolto dans le XXe arrondissement. François, professeur de français essaye de faire découvrir à ces gamins, venus d’horizons culturels très différents, les rouages de la grammaire et de la conjugaison, mais aussi la vie et les relations entres les individus. L’éducation nationale en prend un coup : en effet, elle est sans cesse malmenée par les interrogations des élèves sur, par exemple, l’utilité d’apprendre l’imparfait du subjonctif à notre époque. C’est un film vivant que nous livre Laurent Cantet (Ressources Humaines, Vers le Sud) avec une authenticité des échanges entres élèves et professeurs soulignée par la semi-improvisation de jeunes blacks-blancs-beurre composant la classe. Cela pourrait facilement tomber dans le cliché, mais Cantet sait comment prendre les situations pour les rendre drôles, tendues ou émouvantes, tant les affinités entre le prof et ses élèves sont diverses et variées : la terreur de la classe pique une crise, comment lui faire comprendre que l’autorité du prof n’est pas là pour l’enfoncer, mais au contraire l’aider à s’en sortir ?
C’est aussi sans nul doute, le film d’une génération se posant des questions sur leur avenir, sur le bien fondé du système éducatif actuel, au même titre que leurs professeurs : les coulisses du conseil de classe sont criant de vérité, et l’on se prend au jeu, pensant qu’à 13 ans nous étions loin de nous douter que nos professeurs, représentant la hiérarchie suprême de notre petit monde, n’étaient en fait que des êtres humains comme les autres avec leurs doutes, leur maladresse et leurs erreurs.
Le film vous ramènera aussi à la période de votre adolescence de collégien. Celle qui nous a lâchés sur les bancs de l’école de façon ingrate, avec douleurs, problèmes personnels et relationnels. C’est aussi celle qui nous a fait vivre des moments inoubliables et que l’on regrettait, lorsque l’on devait quitter le bateau, une fois la période des vacances d’été arrivée.
A.P. – CC15 « L’Europe» - Septembre & Octobre 2008
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