Ban Ki-moon et Kim Jong-il : une Corée très disparate
Les coréens ont récemment pris pied sur la scène mondiale mais leurs personnalités restent assez mal connues. Du à l’émergence de la Corée comme force industrielle, notre choix s’est porté sur deux coréens d’actualité. Pour le besoin de cet article, nous allons donc vous présenter deux personnalités controversées. L’une, sud-coréenne surnommée « l’anguille insaisissable » car connue pour éluder les question embarrassantes des journalistes, est un homme de raison et de paix ayant atteint le poste suprême de la diplomatie. A contrario, l’autre est nord-coréenne et moins encline à la raison ou à la paix. Cet homme, qu’on appelle le « Cher Leader », dirige son pays depuis 14 ans avec une poigne d’acier. Vous aurez sûrement reconnu (ou pas) Ban Ki-moon, secrétaire des Nations Unies et Kim Jong-il, leader de la Corée du Nord.
Ban Ki-moon
Ban Ki-moon, issu d’une famille paysanne, est né en 1944 à Eumseong en Corée du Sud. C’est au Lycée en 1962, qu’il rencontre sa femme Yoo Soon-taek de qui il aura, plus tard, un fils et deux filles. Il étudie les relations internationales à l’université de Séoul, obtient sa licence en 1970 puis, en 1985, une maîtrise en administration publique à la John F. Kennedy of Government d’Harvard.
En 1975, il commence sa collaboration avec l’ONU en tant fonctionnaire à la division des Nations Unies du ministère. En 1978, il rentre dans l’organisation en tant que Premier secrétaire de la mission sud-coréenne à New York, jusqu’en 1980. Par la suite, jusqu’en 1983, il devient directeur du bureau des nations unies au ministère des affaires étrangères à Séoul. En 1987, c’est en tant que conseiller à l’ambassade de Corée qu’il va à Washington. Il est ensuite envoyé en poste à Vienne en qualité d’ambassadeur, en 1990.
En 1996, il devient conseiller à la sécurité Nationale de Kim Young-sam (président de 1993 à 1998). En 1999, il préside la commission préparatoire de l’organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. L’année 2000, le voit accéder au poste de vice-président des affaires étrangères. De 2001 à 2002, il entre comme chef de cabinet de Han Seung-soo (président de l’assemblée générale des nations Unies). Il facilite alors l’adoption rapide de la première résolution de la session condamnant les attentats du 11 septembre 2001 et prend des initiatives visant l’amélioration du fonctionnement de l’assemblée. En 2003, il est nommé ministre des affaires étrangères et du commerce. Il fait preuve de sagesse et de pragmatisme, oeuvrant pour la stabilité pacifique de la péninsule coréenne.
En 2006, il est élu avec acclamation par les 192 membres de l’assemblée, 8ème secrétaire des Nations Unies pour un mandat s’étendant de 2007 à 2011. Une fois à la tête de l’organisation, il prend entièrement la responsabilité du devenir de l’ONU. Il se prononce contre l’exécution de Saddam Hussein et exhorte Georges W. Bush de fermer la prison de Guantanamo. Il prend aussi faite et cause pour la préservation de l’environnement. Malgré un début de gestion très critiqué par certains de ses collaborateurs, notamment pour avoir demander la démission des hauts fonctionnaires proches de Kofi Annan pour revitaliser une organisation ébranlée par plusieurs scandales de corruption, il regagne une certaine popularité par son administration intègre relayant sa devise : « Toujours faire passer l’intérêt général avant tout ».
Kim Jong-il
Né en 1941 à Vyatskoye en Sibérie (URSS), Kim Jong-il est l’indigne fils du dirigeant coréen communiste Kim Il-sung qui dirigeait le pays depuis 1948. La version officielle coréenne stipule que Kim Jong-il serait né en 1942 au Mont Paektu (plus haut de Corée) et qu’un double arc-en-ciel ainsi que l’étoile la plus haute dans le ciel seraient apparus (Vous voyez le genre !?). Il a eu un frère, mort noyé à l’âge de deux ans. Il commence son éducation à l’école révolutionnaire de Mangyongdae, puis à Jilin (en chine) durant la guerre de Corée (1950-1953) et obtient finalement son diplôme au lycée de Pyongyang en 1958. Il part ensuite pour école de l’air en Allemagne de l’est (D’où peut être son penchant pour la coupe au carré) mais rentre par la suite à l’université Kim Il-sung à Pyongyang où il obtient son diplôme en économie politique en 1963.
En 1964, il commence sa carrière au KWP (Parti des travailleurs de Corée) sous la tutelle de son père et de son oncle pour gravir rapidement les échelons. EN 1973, Kim Jong-il prépare la succession de son père et fonde son mouvement. Il acquiert des titres tels « Leaders adoré », « Etoile guidante », ou « Soleil du communisme futur » (Là, vous voyez le genre !). Durant ses débuts, dès 1974, il s’efforce de s’affirmer comme successeur indiscutable de son père et promeut l’idée Juche, notamment via des livres et traités tel « De l’idée Juche » en 1982 (Le juche est une idéologie similaire au communisme avec l’application du nationalisme, de l’indépendance politique et de l’autosuffisance économique et militaire). En 1980, il est élu membre du parti central lors du sixième congrès du KWP. Il consolida sa prise progressive de pouvoir en contrôlant peu à peu l’administration civile et en étant désigné commandant suprême de l’armée populaire Coréenne en décembre 1991. Kim Jong-il devient généralissime en 1992 et prend la direction du comité de défense national, jusque là tenu par son père, en 1993. Cette étape est cruciale car Kim Jong-il, qui tenait déjà l’administration et le pouvoir économique, manquait d’influence sur l’armée qui semble dès lors acquise à sa cause. Une fois l’armée contrôlée, il s’efforce de s’occuper de la propagande via les média de masse, la littérature et l’art. Cette stratégie lui permet d’acquérir un soutien populaire tout en guidant les coréens.
A la mort de Kim Il-sung, son père, en 1994, il hérite du pouvoir suprême ce qui fait de la Corée la première dynastie communiste. Kim Jong-il devient, par la suite, secrétaire général du KWP. Il s’entoure également des personnes qui ont, comme lui, été diplômé de l’institut révolutionnaire Mangyngdae et qu’il connaît bien. Kim Jong-il est un contraste décidément marqué par rapport à son père, qu’on disait magnanime, charismatique et à l’écoute des conseils. En effet, le rejeton est arrogant, impatient et égocentrique. Il n’accepte pas la critique et les opinions divergentes. Il est aussi très suspicieux et son expressivité débordante pourrait friser la double personnalité. Pourtant, en l’an 2000, il rencontre Kim Dae-jung, alors président de Corée du Sud, dans une tentative de dialogue intercoréen qui reste aujourd’hui un symbole d’espoir dans toute la péninsule.
Malgré tout, Kim Jong-il reste, à ce jour, l’un des dirigeants les plus excentriques et dangereux. Son régime politique est considéré comme un des plus néfastes qui soit et les timides tentatives d’ouvertures, notamment vers le sud, ne sont qu’une manière de faire face aux crises alimentaire et à la décadence économique de son pays ainsi que de s’accrocher au pouvoir, tel un dictateur chevronné, le plus longtemps possible.
J.S. – CC10 "La Guerre" – Mars 2008
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