mercredi 26 janvier 2011

L’Autre Olympe : le panthéon hindou

Une des différences principales entre les religions abrahamiques et les philosophies orientales réside dans la notion de début et de fin de l’histoire. Tandis que le judaïsme, le christianisme et l’islam conçoivent une Genèse et un Jugement Dernier, le confucianisme, le bouddhisme, le taoïsme, et le jaïnisme imaginent chacun à leur manière un « ordre éternel » (dharma en sanskrit, tao en chinois), une loi naturelle régissant les phénomènes et l’essence des choses. En contraste avec les religions théistes, il n’y a pas de Dieu créateur ou protecteur du dharma ou du tao. Les philosophies orientales sont centrées sur le rapport entre l’individu et l’ordre éternel ; par exemple, pour le bouddhisme, l’aboutissement consiste pour l’individu à lutter pour se libérer de l’illusion et atteindre le nirvâna, alors que dans le taoïsme au contraire la libération revient à cesser de lutter et ne faire qu’un avec le tao.

L’hindouisme est une religion théiste, mais où le dharma occupe une place essentielle. Tout d’abord, le terme « hindou » fut employé par l’Occident pour regrouper 800 millions d’individus et une multitude de religions pratiquées dans le sous-continent indien, souvent associées à un territoire et un groupe social déterminés, chacune avec ses divinités, sa mythologie, ses temples, et ses rituels. De cette diversité confondante se détachent cependant quelques figures divines majeures reconnues dans tout le sous-continent.

Tout d’abord, Brahmâ, qui s’apparente au principe créateur : il recrée le monde après chaque nuit cosmique. Mais c’est Vishnu, autour duquel 80% des hindouistes centrent leur culte, qui est la figure divine majeure. Il est la personnification même du dharma, garant de la prospérité matérielle et de la stabilité sociale. Il est typiquement vénéré par des gens de bonne caste ne présentant que des offrandes végétales. Sa mythologie peut se résumer à des descentes (avatâra) périodique ici-bas afin de restaurer un ordre terrestre bafoué par les passions humaines.

Le célèbre Krishna, par exemple, est le huitième avatâra de Vishnu, descendu sur terre pour conseiller les héros de l’épopée et établir la religion de l’amour. La Bhagavad-Gîtâ, un des textes principaux de l’hindouisme, relate son dialogue avec le héros Arjuna, un prince guerrier en proie au doute devant la bataille qui risque d'entraîner la mort des membres de sa famille qui se trouvent dans l'armée opposée. Râma, septième avatâra de Vishnu, est le prototype de l’homme parfait et du prince idéal, possédant parfaitement la connaissance des règles du dharma et des sciences.

Au pôle opposé se trouve Shiva, le « destructeur », la troisième divinité de la Trimûrti (Dieu Triple), après Brahmâ le « créateur » et Vishnu le « conservateur ». Shiva est le dieu qui transcende les hiérarchies sociales et l’ordre établie par Vishnu. Toute tentative de transgression et de dépassement de la condition humaine relève de son patronage. Il est présenté à la fois comme un dieu impur vénéré par les gens de basse caste lui présentant des offrandes animales, et comme le dieu du yoga et de la méditation à qui font appel les brahmanes de hautes castes dans le but d’atteindre la transcendance spirituelle.


Durgâ est la Déesse vierge et la Mère universelle de l’hindouisme. Elle est la forme guerrière de Pârvati, l’épouse de Shiva (ça devient un peu compliqué tout ça mais promis c’est presque fini), représentée avec 10 bras, ayant pour monture un tigre ou un lion, et portant des armes de toutes sortes pour combattre les démons. Elle est l’incarnation de l’énergie créative féminine. Son fils, Ganesh, est un dieu représenté avec une tête d’éléphant et un corps d’homme, avec une seule défense mais quatre bras. Pour référence, la svastika est son symbole graphique, dont les nazis firent leur emblème en en inversant le sens. Il est le dieu de la sagesse, de l’intelligence, de l’éducation et de la prudence, le patron des écoles et des travailleurs du savoir.

Il est alors normal de considérer l’hindouisme comme un polythéisme. En plus de la multiplicité des figures mythologiques, le croyant peuple les arbres, les montagnes et les rivières de toutes sortes d’être invisibles, tantôt protecteurs et tantôt malfaisants, mais dont il faut s’accorder les faveurs par des prières et des offrandes. L’hindou est parfaitement capable de se tourner successivement vers tel ou tel dieu en oubliant momentanément les autres. Cependant chaque divinité ne représente que l’une des nombreuses facettes d’un seul sacré infiniment riche et omniprésent qui les transcende toutes. Finalement le divin n’est qu’un, et chaque figure divine ne peut que partiellement l’incarner.

La swastika est un tabou moderne dû à son utilisation par les nazis. Dans son contexte antique, c’est un signe de décoration et de bon augure pour les Hindous ainsi que les bouddhistes. Son nom vient du sanskrit svasti qui signifie « bonne santé, bonne fortune » et de tika qui signifie « signe ». Ce symbole peut se retrouver dans d’autre civilisation qui n’ont pas de rapport avec les cultures hindou et bouddhiste.


C.F. – CC14 « L’Olympisme» - Juillet & Août 2008

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