lundi 31 janvier 2011

Panorama des rites funéraires à travers les âges, et les croyances

Chez les Romains
L’appartenance à la classe sociale conditionne le faste des rites funéraires Romains. Les Romains, très superstitieux et religieux, pensaient qu'un déroulement précis des funérailles était essentiel à l'obtention d'une vie après la mort. Ils étaient donc très pointilleux sur l'exécution des rites funéraires. Les riches se faisaient, en principe, incinérer, tandis que les romains plus pauvres comme les esclaves pouvaient être jetés dans des fosses communes, sans cérémonie.

Le rite funéraire romain se déroulait ainsi. On exposait le corps au public avant de l'incinérer, selon une durée qui dépendait de la position du défunt dans la société. Les patriciens bénéficiaient d'une exposition pouvant durer plusieurs jours, invitant les romains à une période de deuil et à témoigner leurs respects à la famille. Les plébéiens étaient souvent incinérés le lendemain de leur mort.

La plupart des rites funéraires de la plèbe se faisaient dans le cercle familial. On fermait les yeux du défunt, puis son fils, ou le membre de la famille le plus proche, l'embrassait sur la bouche pour recueillir son dernier soupir. Le corps était ensuite lavé, déposé sur un lit funéraire ornée de fleur dans l'atrium. Une pièce de monnaie était placée dans sa bouche. Cette pièce de monnaie était un paiement à Charon qui transporte en bac les morts à travers les fleuves des enfers.

Le cortège funéraire est conduit dans la nécropole, ville des morts, en dehors de la ville des vivants, où attend le bûcher. Ce lieu a préalablement été sanctifié par un prêtre qui l'a béni avec de l'eau et une branche de laurier ou d'olivier.

Les empereurs romains avaient quant à eux, le droit à un traitement particulier.

L’apothéose est le rite le plus honorifique de la religion romaine : elle fait de l'empereur un dieu. Elle est accordée ou refusée par le Sénat romain. La première serait celle de Romulus, mystérieusement disparu sur le Champ-de-Mars, à Rome.

Inversement, la damnatio memoriae, qui est une condamnation infamante, est décidée par le Sénat pour les mauvais empereurs : ce fut le cas pour Néron et Domitien notamment. Les funérailles étaient suivies d'une période de neuf jours de deuil public. La fin de cette période était marquée par des jeux funèbres, des banquets ou encore des sacrifices. Les proches pouvaient quant à eux garder le deuil plusieurs mois durant lesquels ils s'abstenaient de toute fête.

Chez les Mayas
Les Mayas croyaient en la récurrence des cycles de la création et de la destruction. Tous les rituels mayas étaient dictés par le calendrier du cycle sacré, de 260 jours et toutes les démonstrations avaient une signification symbolique. L'abstinence sexuelle était rigoureusement observée avant et durant ces événements et l'automutilation était couramment pratiquée pour fournir le sang avec lequel on bénissait, par l'onction, les articles religieux.

Pour les Mayas, le sacrifice sanglant était nécessaire à la survie tant des dieux que des humains, faisant monter l'énergie humaine vers le ciel et recevant en retour le pouvoir divin.

La coutume voulait que les prisonniers, les esclaves, surtout les enfants et notamment les orphelins et les enfants illégitimes que l'on achetait spécialement pour l'occasion, soient offerts en sacrifice. Avant l'ère des Toltèques, on sacrifiait plutôt les animaux que les humains - dindons, chiens, écureuils, cailles et iguanes étant les espèces jugées dignes d'être offertes aux dieux mayas.

Les Mayas croyaient que lorsqu'on mourait, on pénétrait dans le Monde inférieur par une grotte ou un cenote. Mourir de mort naturelle faisait trembler les Mayas, surtout en raison du fait que les morts n'allaient pas automatiquement au paradis. Les gens ordinaires étaient enterrés sous le plancher de leur maison, leur bouche remplie de nourriture et d'une perle de jade, et ils étaient entourés des objets et des articles religieux qu'ils avaient utilisés durant leur vie. Les tombeaux des prêtres renfermaient des livres.
Les gens de la haute noblesse étaient incinérés - une pratique d'origine mexicaine - et leur temple funéraire était érigé au-dessus de leur urne. Dans les premiers temps, les nobles étaient enterrés dans des sépulcres sous des mausolées. Certains Mayas momifiaient même la tête des seigneurs décédés. Celles-ci étaient déposées dans des oratoires familiaux et "nourries" à intervalles réguliers.

Après la conquête espagnole, les systèmes de croyance maya et chrétien ont commencé à se confondre. Selon certains archéologues, les deux systèmes accusaient de nombreuses ressemblances : dans les deux cas, on brûlait de l'encens durant les cérémonies rituelles, on pratiquait l'iconolâtrie, il y avait des prêtres et on organisait de longs pèlerinages aux jours désignés du calendrier rituel. La plupart des Mayas observent de nos jours une religion entremêlée d'anciennes notions mayas, d'animisme et de catholicisme.

Chez les Egyptiens
Le principal rituel funéraire de l’Egypte antique repose dans la momification. Les premiers essais de momification égyptienne datent d'environ 3000 av. J.-C. Le corps est conduit dans l'atelier de momification : les prêtres-embaumeurs proposent à la famille plusieurs séries de momies, plus ou moins coûteuses.

Le corps est étendu sur un lit de pierre aux pieds ayant la forme de pattes de lion. On injecte dans le crâne une résine par un entonnoir. Le prêtre affublé du masque d’Anubis, pratique une entaille au côté gauche (le souffle vital entre par l'oreille droite et ressort par la gauche). Il enlève les viscères sauf le cœur, car il sera pesé par Anubis dans l'au-delà. Les viscères sont lavés avec du vin de palme puis du natron. Ils sont conservés dans 4 vases canopes. La plaie recousue est recouverte d'une petite plaque de cire d'abeille ou de métal. Le visage est maquillé, une perruque est parfois posée. Il faut 150 mètres de bandelettes pour entourer le corps d'un adulte. La dernière étape est la pose d'un masque de carton, de bois (rare donc cher), de plâtre ou d'or-argent. Les funérailles ont également un rituel spécifique. Les gens sont habillés en blanc, la couleur du deuil en Égypte. On dresse des tentes devant la tombe pour un banquet de bœuf sacrifié. Une âme sans demeure est considérée comme errante. D’ou la création de mausolées de plus en plus monumentaux au fil des ans.


Dans le Judaïsme
La conception de la mort par le Judaïsme est fortement rationnelle. Né de la poussière, « tu retourneras à la poussière ».

S'il est interdit aux Juifs de hâter la mort, sauf, parfois, par la prière, il leur est prescrit de le réconforter par tous les moyens possibles, et de ne pas prolonger l'agonie. Sitôt le décès établi, la personne disparue est déposée au sol, recouverte d'un drap, les pieds en direction de la porte, une bougie près de la tête ou des pieds.

Arrive ensuite la toilette mortuaire, emprunte d'une grande décence. Le corps est ensuite déposé dans le cercueil, le visage tourné vers le haut, la tête posée sur un peu de terre d'Israël. Si c'est un homme, il est enveloppé dans un Tallith, l’un des quatre coins ayant préalablement été coupé. Si l’on met une poignée de sable provenant de la terre d'Israël, c'est parce que, selon la tradition, le Messie ressuscitera les morts. Entre le moment du décès et l’enterrement, les proches parents du défunt ne consomment ni viande ni vin (sauf pour le Sabbat). Ils s’occupent des démarches afférentes à l’inhumation et ont l’autorisation de vaquer à leurs occupations. Ils sont dispensés de réciter les prières et de porter les Teffiline. L’accompagnement du défunt au cimetière est un commandement à honorer. L’inhumation est toujours très simple, sans fleurs ni couronnes. Après l’oraison funèbre, le cercueil est descendu dans la tombe. Puis, le Rabbin et les assistants lancent chacun trois pelletées de terre en prononçant les paroles rituelles “Tu viens de la poussière et à la poussière tu retournes ; la poussière retourne à la terre d'où elle est venue et l'âme retourne vers Dieu qui l'a donnée".

Après l’inhumation, pendant les sept jours qui suivent l’enterrement, les proches demeurent dans la maison mortuaire. Chaque jour, des offices sont célébrés avec Miniane (10 hommes). Les Endeuillés cessent toute activité et reçoivent les visites d’amis venus leur apporter des témoignages de sympathie.

Les règles du deuil se prolongent un mois après l’enterrement. Parmi ces règles, figurent notamment l’interdiction de se couper les cheveux et de se tailler la barbe. La période du deuil est d’un mois pour les époux ainsi que pour les frères et sœurs mais d'un an pour les orphelins de père ou de mère. En souvenir du défunt, une lumière doit brûler dans leur foyer, sans interruption pendant la durée du deuil. L’anniversaire est célébré un an après la date hébraïque de l’inhumation et c’est à ce moment qu’est posée la pierre tombale qui est toujours sobre et ne comporte généralement qu’une mention hébraïque de l’identité. Toute représentation telle que statue oui image est rigoureusement interdite. Ultérieurement, chaque année, la lumière mortuaire est allumée pour vingt-quatre heures et la prière du Qaddich est récitée par les parents du défunt.

Dans l’Islam
On ne conçoit pas la mort comme une fin en soi, ni comme un terme à la vie mais plutôt comme une «communion», une fusion avec l'unique. La mort se définit, comme une transition, une sorte de vie, qui prolonge la vie individuelle. Elle est selon cette perspective, non pas une idée, mais une métaphore de la vie. D’où la croyance que « les morts dans l'au-delà, mangent, boivent, éprouvent des sentiments, sont capables de passion et même de se reproduire ! ».

Le musulman qui meurt est orienté vers La Mecque et son entourage lui récite la Shahâdâ. Lorsque le décès est survenu, la sourate Yasin est récitée par un entourage surveillant ses propres pensées à proximité du corps. Celui qui pense « à mal » près d'un défunt ou qui feint sa peine, porte du tort au disparu et à lui-même.

La toilette musulmane est l'élément le plus important des rites funéraires en Islam. Y pourvoir est un devoir sacré que le musulman réserve à son prochain. Agé ou jeune, entier ou non, le corps d'un défunt doit être lavé, à l'exception des martyrs tombés pour l'Islam, « nettoyés par leur propre sang ». La mort est donc conçue et vécue comme un phénomène « répréhensible », relatif au désordre. En effet, l’Islam considère que la mort « souille » tout ce qu'elle approche ou ce qu'elle atteint. Cette notion de souillure explique bien l'importance des rites qui visent à éliminer totalement cette impureté.

Les interdits sont avant tout centrés sur le corps, reflet de la société, lieu par excellence de toutes les souillures, et c'est en réglementant toutes ses fonctions que l'on pense pouvoir se mettre à l'abri de la confusion. D'où la nécessité de procéder à une ultime toilette du mort en raison de sa vertu purificatrice. L'impureté écartée, tout rentre dans l'ordre, car il n'est convenable de rencontrer Dieu qu'en « état de pureté ». Puis, le corps est saisi par le drap dans lequel il est enveloppé et déposé couché sur le côté droit de telle sorte qu'il pourra regarder vers La Mecque. Ce détail est d'une importance capitale pour le musulman qui voit dans son application une condition incontournable pour le réveil au jugement dernier.

La crémation n’est pas envisageable dans l’Islam, car les Musulmans croient que le corps dans la tombe sera ressuscité au dernier jour. Pour l’inhumation, les dignitaires et l'Imam précèdent le corbillard en convoi jusqu'au cimetière. La famille se place derrière le défunt et le restant de la communauté suit. Des invocations pieuses sont adressées par l'Imam à l'assistance qui répond. Le rythme du corbillard s'adapte à la marche de ceux qui sont devant. A moins que les personnes soient âgées, leur rythme de marche funéraire est plus rapide que celui des Occidentaux. Les musulmans considèrent qu'il faut aller au plus vite enterrer les défunts. Arrivées devant la tombe, les femmes du cortège, si elles sont venues au cimetière, doivent soit repartir, soit s'éloigner. Le défunt est descendu dans la tombe par ses coreligionnaires, tête la première et chacun y jette quelques pelletées de terre.

Dans le Christianisme
Les rites catholiques: La Mort constitue l’entrée dans la plénitude de la vie nouvelle du royaume de Dieu, chacun devenant pleinement participant de la vie de Dieu. La mort étant une sortie de l'univers, du temps et de l'espace. La Bible parle du Paradis, exquis, et de l’Enfer punitif. « Nul ne rejoint le Très-Saint, s'il n'est lui-même sanctifié ».

Le passage de vie à trépas est souvent accompagné d’un aumônier, pour donner l’extrême onction. Après le décès, trois jours de veille avant l'inhumation sont respectés. La toilette du corps est basique, la mise en bière aussi. Un office religieux précède l’enterrement ou la crémation, où fleurs, bougies et prières correspondent à l'illumination et l'éclosion de l'âme dans le monde de l'esprit. On aide ainsi le défunt à se détacher du matériel.

Les rites protestants
La croyance veut que la mort soir l’espérance de la vie éternelle auprès de Dieu. L'existence est vue en trois étapes. La vie ici-bas, la période entre la mort et la résurrection finale puis la résurrection à la fin des temps.

Selon un autre courant de pensée, Enfer et Paradis sont sur terre et le croyant est déjà passé de la mort à la vie. La mort n'est pas pour autant vue comme une impasse, mais comme une porte ouverte. Pour d'autres encore, la spéculation sur l'au-delà n'a pas de sens et la résurrection est à prendre au sens symbolique.

Sur un plan plus pratique, le mourant est accompagné soit par un pasteur dans sa nouvelle « vie ». Le culte des funérailles est destiné principalement à l'accompagnement de la famille et des amis, puisque la mort n’est qu’un passage, ou plutôt, une promesse de Résurrection. Le défunt est donc enterré simplement, avec respect, et lecture de versets de la Bible.

Les rites orthodoxes, Grecs Ou Russes

 Après la Mort, l'ascension vers Dieu se poursuit pendant quarante jours, le temps pour l'âme de se purifier et d'accomplir l'effort de détachement de l'enveloppe corporelle. Le paradis, notion développée en Orient, dans un monde de chaleur et de sable, est vu comme un jardin. C'est un état de vie dans la présence de Dieu. L'enfer, c'est l'inverse, la séparation d'avec Dieu. Il y a deux formes de mort : l'agonie, expérience douloureuse de celui qui ne veut pas quitter son enveloppe charnelle. Et la dormition, dans laquelle celui qui s'endort s'est préparé et vit la mort comme un passage, une Pâque.

H.W. & F.B. – CC6 « La Mort» – Novemnbre 2007

Lisons - La possibilité d’une île

De Michel Houellebecq

La technologie, la religion, l’économie, le sexe, le divertissement, les relations sociales… les œuvres de Houellebecq sont truffées d’observations et de réflexions sur ses thèmes de prédilection. La possibilité d’une île, espèce de satire socioreligieuse, ne déroge pas à la règle.
La mort, puisque c'est le thème du mois, est un des fils rouges de l'œuvre, accompagnée de ses camarades : le vieillissement et la dégénérescence.

Le roman est très marqué par la Canicule de la première quinzaine d'août 2003. Catastrophe sanitaire pour certains, remise en question des rapports entre générations pour d'autres. Agoniser seul et finir dans un tas de cadavres anonymes entassés dans des morgues surchargées en été : l'avenir du vieillissement ressemblera fortement à ça.

Tout le long de l'œuvre s'opère une alternance entre notre époque, narrée par Daniel, espèce de comédien quadragénaire nihilo-dépressif en pleine "mid-life crisis", et l'époque narrée par son clone dans 24 générations. Les tendances à l'isolement et au déchirement du lien social se sont perpétuées au point d'abolir la famille et la communauté. L'individu nait, vit, et meurt seul. Il passe sa vie dans sa cellule à méditer sur les mémoires de ses clones prédécesseurs, il n'est ni heureux ni malheureux, ni amoureux ni rancunier. La société de consommation n'est plus, suivant une série de "Grandes Diminutions", terme désignant les catastrophes écologiques ayant décimé l'humanité et mené à la pénurie.

Comment pourrait-on en arriver là? Le roman pose implicitement le problème d'un des dysfonctionnements principaux de l’Occident, observé depuis le milieu du 20ème siècle: la mort progressive de la famille. Dans le Meilleur des Mondes de Huxley, cette tendance aboutit au 26ème siècle à un monde où la production en masse orchestre toute l'économie, y compris la procréation. L'initiative personnelle et le sens des affaires ont disparu. La stabilité sociale et le contrôle étatique par la caste scientifique au pouvoir repose sur la satisfaction de tous les désirs: sexe, drogues douces, amitié, nourriture, logement. La famille n'existe plus, mais contrairement à la « dystopie » de Houellebecq, le principe de communauté est un pilier de la société. L'isolement et l’individualisme sont en fait fortement découragés. Les castes inférieures, maintenues dans l’ignorance, vivent dans la joie. Les gens meurent « heureux » car sans arrêt satisfaits et bien entourés.

70 ans après la parution du Meilleur des Mondes, notre modèle économique montre des limites; on a de plus en plus de mal à imaginer un avenir d’abondance. En parallèle, le déchirement du lien familial se poursuit et le vieillissement est vécu de plus en plus en solitaire. Pour présenter un cas extrême qui en dit long sur le cas moyen, lorsqu'un journaliste demande à la fille d'une victime de la Canicule pourquoi elle n'est pas rentrée porter secours à sa mère, elle répond "j'étais en vacances".

Ce n’est pas une histoire de riches et d’enfants gâtés. La majorité de l’humanité vit dans des sociétés où le respect des anciens est fondamental, que la famille soit riche ou pauvre. Les enfants rendent visite à leurs parents quasi-quotidiennement, souvent même les hébergent jusqu’à leur décès. Les funérailles d’un oncle éloigné rassemblent des proches par centaines.

L’Occident vieillit. On ne peut pas placer tous les seniors de plus de 60 ans dans des maisons de retraite. Ils représenteront un tiers de la population vers 2030. Il n’y aura tout simplement pas assez d’infirmières, entre autres. Mais rien n’est irréversible, tous les phénomènes sociétaux fonctionnent en cycles aux oscillations plus ou moins marquées. L’Occident a-t-il besoin de tester ses limites avant de revenir à un équilibre? Le déclin économique, si déclin il y a, poussera-t-il les gens à se replier vers la famille pour chercher du soutien?

C.F. – CC6 « La Mort» – Novembre 2007

Les étapes du deuil

Le deuil peut être défini comme la période qui suit la mort d'un être proche. Il s’applique sur deux plans différents, l’un psychologique, l’autre social. Le deuil psychologique a été modélisé par Elisabeth Kübler-Ross en cinq étapes :

Choc, déni : Cette courte phase du deuil survient lorsqu'on apprend la perte. C'est une période plus ou moins intense où les émotions semblent pratiquement absentes. C'est en quittant ce court stade du deuil que la réalité de la perte s'installe.

Colère : Phase caractérisée par un sentiment de colère face à la perte. La culpabilité peut s'installer dans certains cas. Période de questionnements.

Marchandage : Phase faite de négociations, chantages...

Dépression : phase plus ou moins longue caractérisée par une grande tristesse, des remises en question, de la détresse. Les endeuillés dans cette phase ont parfois l'impression qu'ils ne termineront jamais leur deuil car ils ont vécu une grande gamme d'émotions et la tristesse est grande. De plus, cette phase se voit illustrée par des manifestations de douleur physique (perte du sommeil et de l'appétit, boule dans la gorge, courbatures, …), et de douleur mentale (manque de concentration, perte de confiance en soi,..)

Acceptation & restructuration : Dernière étape du deuil où l'endeuillé reprend du mieux. La réalité de la perte est beaucoup plus comprise et acceptée. L'endeuillé peut encore vivre de la tristesse, mais il a retrouvé son plein fonctionnement. Il a aussi réorganisé sa vie en fonction de la perte.

Ces 5 phases peuvent être linéaires mais il arrive souvent qu'un endeuillé fasse des retours en-arrière avant de recommencer à avancer. Une bonne façon de traverser un deuil est de comprendre ce que l'on vit et de partager ses sentiments et émotions avec des proches ou des gens qui vivent également un deuil.

Le deuil social a deux conséquences principales. Tout d’abord, les sentiments individuels et l'état mental de la personne endeuillée affecte sa capacité de maintenir ou d'entrer en relation avec autrui (y compris dans le domaine des relations sexuelles). D'autre part le sujet en deuil peut développer des attentes nouvelles vis à vis de son entourage : besoin d'attention, de sollicitude, de calme, d'isolement, de distraction. Ensuite, selon les coutumes, qui sont souvent abandonnées dans les régions fortement urbanisées, il « faut » suivre un certain nombre de traditions (port d'habits spécifiques, interdiction de se remarier pendant un certain temps en cas de veuvage...) qui dépendent en général du degré de parenté et de l'importance sociale du défunt.
La mise en parallèle de ces deux deuils permet en général une meilleure acceptation et compréhension de la disparition du proche.

"Les rites funéraires ne sont qu’accessoirement destinés aux morts; ils sont ordonnés par les proches du défunt, avant tout pour faire savoir à ceux qui ont pu le fréquenter ou le connaître, de son vivant, combien ses parents, ses amis, ceux qu’il laisse, lui vouaient d’amour, d’amitié ou d’estime. Ce n’est pas à celui qui gît dans le cercueil qu’est destinée la cérémonie, c’est à ceux qui y assistent; ce n’est pas le disparu que la pompe funèbre tend à illustrer, mais la famille ou les amis qui en ont pris l’initiative, qui ont décidé de son ampleur, eu égard à la situation de fortune, et qui en paieront les frais." Louis-Vincent Thomas, “Rites de mort”

H.W. – CC6 « La Mort» – Novembre 2007

Un pays – L’Inde

Figurez-vous que l’Inde a été un des berceaux de l’humanité aussi. Au même titre que la Mésopotamie ou Sumer, des civilisations urbaines se sont mises en place dans la vallée de l’Indus dès –3000 av J.C. Les indiens sont ensuite restés très calmes, une qualité qui peut vite être confondue avec une faiblesse.

Comme souvent, lorsque les peuples restent trop longtemps renfermés sur eux-mêmes, les indiens ont connu leur première invasion au XVème siècle av JC. Dévalant les plaines du Nord-Ouest indien, les Aryens (non, rien à voir) ont ainsi introduits le cheval, le travail du bronze et du fer mais également, afin de préserver la pureté de leur race (non non, je vous dis, rien à voir), le système de caste dans les populations autochtones soumises. Afin d’asseoir leur domination, ils tentèrent d’imposer leurs institutions religieuses et sociales. En réaction, les autochtones favorisèrent l’émergence de courants de pensée véhiculées par les brahmanes et plus tard, au VIème siècle av JC par le Bouddha Cakyamuni, fondateur du bouddhisme, et par le Mahavira, fondateur du jaïnisme. Le brahmanisme d’alors, pour ne pas être effacé par la montée de ses deux religions majeures, abandonna les figures mèdes héritées des Aryens au profit de Vishnu et Shiva. Cette diversité religieuse laisse déjà transparaître la richesse culturelle de l’Inde et de ce peuple aux vingt cinq langues qui cohabitent.

Vint alors la seconde vague d’envahisseurs. Darius Ier l’achéménide en 512 av JC, puis Alexandre le Grand qui, après avoir conquis l’empire perse, franchit l’Indus en 326 av JC. Comme nous le savons tous, Alexandre dut hélas se retirer et aucun lien durable ne fut établi entre l’Inde et l’occident. A cette époque, la dynastie des Maurya fut fondée dont le plus fameux roi fut Açoka. Au IIIème siècle av JC, il étendit profondément la domination indienne et consacra d’immenses efforts à répandre le bouddhisme jusqu’au Sri Lanka, en Birmanie ou encore en Chine. L’assassinat du dernier héritier Maurya mit un terme à cette vague de prosélytisme mal-placé.

Surgissant par derrière de manière sauvage comme à leur habitude, les Grecs profitèrent de la dislocation de l’empire Maurya, au IIème siècle av JC, pour s’imposer et régner sur Kaboul, le Ghandara, le Pendjab et Sindh. Ils le firent néanmoins dans un grand respect de la culture indienne donnant naissance à l’art gréco-indien. Ce ne fut que deux siècles plus tard que les Scythes chassèrent les grecs tout en s’imprégnant fortement de la culture hellène. La dynastie indo-scythes débuta ainsi et mis en place l’expansion missionnaire du bouddhisme vers la Chine et l’Asie orientale. 
Au IIIème siècle, la dynastie des Goupta prit la relève et parvint à unifier l’Inde de l’embouchure du Gange à l’embouchure de l’Indus. Ce fut l’âge d’or de la civilisation indienne. Âge d’or qui, trois cents ans plus tard, fut annihilé par l’invasion des Huns qui morcela en une multitude de principautés belliqueuses et avides de pouvoir. Ceci profita au brahmanisme qui connut une seconde naissance et une expansion qui éclipsa presque le bouddhisme pourtant si longtemps cultivé. Ceci explique en partie pourquoi l’islam a mis tant de temps à s’infiltrer et qu’il fallut attendre les valeureuses saillies turques pour que l’islam pénètre l’Inde. Conquêtes et reconquêtes de principautés créées et détruites laissèrent une mosaïque d’Etats musulmans et hindous en perpétuelle lutte au XVème siècle.

Du point de vue religieux, cette période fut très riche: la cohabitation de ces religions engendra la naissance de la secte des Sikhs et, sous l’influence du théisme musulman, fit évoluer le panthéisme hindou vers un culte du Dieu unique (Krishna). Cette époque fastueuse permit l’organisation de grands royaumes et le développement de l’art indien.


Ce sont à présent, les Portugais qui surgissent dans ce contexte très favorable de lutte entre Indiens musulmans et Turcs sous fond de prospérité économique et établissent les premiers comptoirs à Cochin ou Bombay. En même temps, les Mongols parvinrent à unifier et réconcilier les peuples ennemis. De cette domination demeurent entre autre le Taj Mahal et les grandes mosquées de Delhi et d’Agra. L’extrémisme mongol finit par replonger le pays en mini-états. Les Hollandais, Anglais et Français installèrent également des comptoirs dans le sud de l’Inde au XVI et XVIIème siècle. Dupleix, gouverneur de Pondichéry en 1742 et station de la ligne 6 quelques années plus tard, émit l’idée de faire de l’Inde une nation européenne en profitant du déchirement mongols. Les Français, une fois de plus défaits par les Anglais, ne conservèrent que cinq comptoirs en signant le Traité de Paris au terme de la Guerre de Sept Ans en 1763. Les Anglais parvinrent ensuite à imposer leur domination grâce entre autres à Wellesley et Wellington, futur vainqueur de Napoléon à Waterloo. Les Anglais mirent en place les chemins de fer, la poste et le télégraphe et développèrent l’économie indienne. Jouissant de ces innovations, l’indien dut attendre 1947 pour se libérer du joug britannique pour aujourd’hui devenir la douzième économie mondiale.

D.A. – CC6 « La Mort» – Novembre 2007

Culture Confiture - Combien d’humains sur la terre ?

Il s’agit aujourd’hui de savoir combien d’humain ont vécu sur la Terre depuis l’apparition du sapiens.
De folles rumeurs circulent : il y aurait en ce moment autant d’humains vivants (6 milliards, grosso modo) que d’humains ayant vécu de la préhistoire à l’an 2000 !
Une rumeur inverse tâche de dé-dramatiser l’hypothèse précédente : 3000 milliards de congénères nous auraient précédé.
Mais la vérité est entre les deux : 100 milliards d’humains – la masse vivante représente 6% de la masse disparue.

 Il s’agit maintenant de comprendre le calcul de ce chiffre.

Une représentante de l’espèce humaine,
aboutissement d’un long travail de
métissage génétique
Carl Haub, un démographe de Washington, part de l’apparition de l’homo sapiens (vers - 50000) et postule 6 enfants par mère. A l’époque des cavernes (id est le paléolithique), il n’y a que 5 à 10 millions d’humains. A celle du Christ, 300 millions. En 1900, 1,6 milliard est atteint. Mais les gens meurent jeunes. Les générations défilent en rangs serrés. L’espèce ne croît que parce que le taux de naissance est élevé.

En extrapolant toutes ces données, Haub parvient à la centaine de milliards (106 exactement) d’humains s’étant succédé sur Terre. D’autres calculs mentionnent 60 milliards, ou 90 : on reste dans le même ordre de grandeur.

H.W. – CC6 « La Mort» - Novembre 2007
Source : « Culture Confiture », de Léon Mercadet

Culture Confiture - L’origine Du Mot Mausolée

Etablie dès l’Antiquité par des auteurs Grecs, et reprise à la Renaissance, la liste des Sept Merveilles du Monde est la suivante :
-       Les pyramides d’Egypte
-       Les jardins suspendus de Babylone
-       Le colosse de Rhodes
-       Le phare d’Alexandrie
-       Le temple de Diane à Ephèse
-       La statue de Zeus
-       Et la septième, le tombeau de Mausole.

Artémise, sur le fabuleux chantier mis en place
pour construire le tombeau de son mari
Vers 370 av JC, Mausole, petite satrape d’Asie Mineure, avait épousé sa sœur, Artémise. Il dirigeait un royaume appelé Carie, capitale Halicarnasse, sur les côtes de l’actuelle Turquie. Mausole aimait la liberté et était un véritable guerrier. Il se révolta contre les Perses et proclama l’indépendance de la Carie. Bâtisseur, il orna Halicarnasse de somptueux édifices. A sa mort, en 353, sa veuve Artémise lui fit construire un tombeau spécial, du jamais vu depuis les Pyramides : 42 m de haut, 135 m de tour & 36 colonnes. Le « mausolée » fit sensation. Il devint l’une des Merveilles du monde, et devint l’appellation d’une tombe de taille extravagante.

En 1494, des chevaliers chrétiens envahirent la région et pour construire une forteresse, démolirent le mausolée et récupérèrent les pierres et sculptures, que l’on voit maintenant enchâssés dans les murs de la citadelle de Bodrum (Turquie), nom moderne d’Halicarnasse!

H.W. – CC6 « La Mort» - Novembre 2007
Source : « Culture Confiture », de Léon Mercadet

Une journée ordinaire (dans la vie de S.D.)

Drôle de matinée, c’est l’aube, l’heure où blanchit la campagne, je dois partir. Voyez-vous, je sais que mon patron m’attend. Le réveil n’a pas sonné… fichue heure d’hiver, me voilà bien en retard.

La mort dans l’âme, je m’extirpe des bras de Morphée. C’est plein de remords qu’il me faut quitter un rêve fort agréable, sur lequel je ne m’étalerai pas davantage (pour plus de précisions, envoyer une demande à la rédaction qui transmettra). Je me précipite vers la cuisine, glisse sur le sol détrempé de la cuisine, sur lequel je ne m’étalerai pas davantage - en effet, j’ai réussi à me raccrocher à quelque chose. Quelque chose, mais quoi ? Je m’en aperçois au bout d’une fraction de seconde, après avoir hurlé à la mort : ma main est solidement agrippée sur le fer à repasser chaud qui trônait à mes côtés. J’ai mal, mais il n’y a pas mort d’homme.

Mort de faim, je me jette sur mon bol de lait dioxiné dans lequel mijotent quelques céréales : pauvres céréales, qui n’auront connu la liberté que quelques secondes, du paquet à l’intestin…Mais la triste fin de mes Choco Pops m’importe moins que l’horrible journée qui m’attend: malgré la morte-saison, mon supérieur a chargé à mort mon emploi du temps, et me voila donc a devoir boucler un rapport ch… comme la mort avant ce soir minuit. Enfin, c’est peut-être moi aussi. Après tout, il doit bien y avoir des gens intéressés par «les différentes réglementations et recommandations des instances de régulation de l’industrie pharmaceutique afférentes aux corticoïdes non stéroïdiens dans les pays de l’Union Européenne entre 1990 et 2003». Pas beaucoup de gens, sans doute.
Bref. Un vent glacial m’accueille dans la rue, je suis mort de froid. Je renifle plusieurs fois…Bizarre… d’où vient cette odeur de mort ? Des éboueurs sont-ils passés par la ?

Tout devient clair par la suite : je viens de marcher allégrement dans une déjection canine, et peu ne s’en faut que ma jambe droite n’imite la gauche (la droite qui imite la gauche, c’est à la mode en ce moment, regardez Sarkozy) tant les rues sont crottées. Le fait d’appeler à voix basse à l’extermination des vieilles et de leurs horribles caniches n’y changera rien. Je dois reprendre ma route. Je suis mortifié, mais je suis surtout en retard.

Ah les chiens…les chiens, c’est un peu comme les restaurants trois étoiles du Michelin : ils ne méritent pas leur réputation.
C’est vrai, on vante tout le temps la loyauté des chiens par exemple. Mais croyez-moi, rien de plus traître qu’un chien. Loup dévoyé, compagnon du commissaire comme du malfaiteur, ennemis de nos rues et de mes chaussures : et on appelle ça le meilleur ami de l’homme ? Le chien, un animal fidèle ? Sûrement pas. D’ailleurs on n’est jamais trahi que par les chiens.
Non, franchement, tous les chiens méritent la mort. (NDLR : à part Pluto. Il est gentil, Pluto). Si j’étais Mr Friskies, je mettrai de la mort-aux-rats dans mes croquettes.

Il est vraiment tôt, sept heures du matin (Paris s’est donc éveillée depuis déjà deux heures en principe). Sur mon chemin, je regarde cette rue triste comme la mort, dont tous les volets sont fermés. Presque tous les gens dorment encore, sauf quelques héros anonymes, vous savez, ceux des présidentielles, ceux de la France qui se lèvent tôt pour pouvoir travailler plus (pour payer plus d’impôts) gagner plus. Quelques paresseux aussi. Au numéro 27, on entend mon voisin, un bon français de souche, mort de rire en écoutant Stéphane Bern à la radio (pauvre homme). Au 28, ma voisine américaine Barbie Turick se donne la mort à petit feu à coup de somnifères. Au 29, ma voisine, une prostituée albanaise profite d’un petit temps mort après avoir passé une nuit de dur labeur (ce n’est pas elle qui laboure d’ailleurs, mais ses clients, et doublement, car ils labourent en même temps qu’ils la bourrent). Au 30, à en croire les gémissements que j’entends, mon voisin spéléologue amérindien est en train d’explorer la grotte de la squaw. Il n’y va pas de main morte, on dirait …

Bref, je poursuis mon chemin. Et c’est en entrant dans la station de métro que je me rends compte qu’il n’y a pas de métro. Et oui, c’est la grève ! J’avais oublié la journée de solidarité du service public pour la défense des droits acquis et contre la régression sociale. Le trafic est complètement mort.

Quel imbécile je fais, quand même. Heureusement qu’il me reste encore au moins mes talents de littérateur. Eh oui ! Car j’ai réussi à insérer vingt-sept expressions contenant le mot mort dans cet article. Facile, dites-vous? Ce n’est peut-être pas la mort, mais essayez donc au lieu de ricaner bêtement…

S.D. – CC6 « La Mort» – Novembre 2007

Histoire de - Une mort originale

Tout se situe en Angleterre au 15ème siècle en pleine guerre des deux roses (Cette guerre opposait la famille de Lancastre, arborant la rose rouge comme symbole, et la famille d’York arborant la fleur blanche, qui convoitaient toutes deux la couronne d’Angleterre).

Georges Plantagenêt, comte de Salisbury est l’un des quatre fils du duc d’York. En 1461, Georges est fait duc de Clarence lors  de l’accession au trône de son frère aîné Edouard IV pour qui il avait milité.  Il se maria à la fille du comte de Warwick surnommé « le faiseur de rois » et s’allia avec lui pour la cause du roi déposé, Henri VI, pensant pouvoir tiré un certain bénéfice. Voyant que son beau-père agissait pour les intérêts de son autre fille et non pour sa femme et lui, Georges changea de nouveau de camp peu avant l’échec de la restauration d’Henri VI.

Quand le comte de Warwick meurt, Georges ayant rejoint la cour de son frère, dispute son héritage à son plus jeune  frère, Richard, duc de Gloucester (et futur Richard III) qui avait épousé l’autre fille du comte.

C’est à ce moment là que l’histoire devient intéressante. Habile rival, Richard fait accuser Georges de complot contre le roi Edouard IV. Georges est donc enfermé dans la tour de Londres et exécuté le 18 février 1478. Normalement, les nobles et les personnes de sang royale étaient, à l’époque, décapités. La légende dit que le parlement aurait accordé à Georges le choix de son supplice. Il choisit, étrangement, d’être noyé dans un tonneau de malvoisie (vin liquoreux originaire de Grèce). Apparemment, Il avait un penchant démesuré pour cette boisson.

J.S. – CC6 « La Mort» – Novembre 2007

Cinémons - Paranoid Park

Que se cache-t-il derrière ce nom digne d’un album de Blink 182 ? Bien plus qu’un parc où tous les ados du coin viennent s’adonner à des démonstrations de skate, épreuves de force à leur niveau, dans cette vie monotone, qui semble figée dans l’attente. Alex, 16 ans, assiste à la décomposition lente de sa famille, subit une petite amie envahissante, et est confronté à l’incompréhension de ses amis qui font encore semblant de croire en leur avenir. Lorsqu’il met les pieds dans cette cour des grands qu’est Paranoïd Park, il sait qu’il ne pourra plus jamais vivre la vie qu’il avait avant ; et pour cause, un drame, un fait divers dont il fuit la responsabilité va tuer l’enfance qu’il lui restait, et le projeter de force dans la vie adulte.

Après sa trilogie sur la solitude (Elephant, Gerry, et Last Days), Gus van Sant reprend, avec son nouveau film, les thèmes de la jeunesse, de la solitude, de l’incommunicabilité, et de la mort, mais hélas sans y apporter grand chose de plus. On en arrive à déplorer ce qui apparaît pourtant comme un bijou d’esthétisme car il vient se placer dans la filmographie de Gus van Sant, comme une régression. Il a, certes, pris soin de prendre à ses côtés, dans son équipe, Christopher Doyle qui avait réussi à sublimer chaque détail, chaque rayon de lumière, chaque nuance de couleur, jusqu’à réinventer une définition de l’image, dans les films de Wong Kar Waï. Mais il revient à ses premières amours et s’il peut trouver quelque plaisir ou nécessité à le faire, il ne la communique pas. On peut donc, hélas, considérer Paranoïd Park comme une variante d’Elephant alors que les deux films qu’il avait réalisé après celui-ci apportaient clairement un élément en plus dans son univers cinématographique. On y retrouve en effet, outre la toile de fond, qui fait sa marque de fabrique, une mise en scène faisant suivre les mêmes plans mais sous une prise de vue différente, et derrière cette fausse neutralité, se profile un positionnement progressif du cinéaste qui présente toujours l’environnement de son personnage comme une explication, voire un prétexte à ses actes.

Cependant, les quelques séquences, césures, car c’est bien de poésie qu’il s’agit dans ces images, où l’on voit ces skaters s’adonner à de véritable chorégraphies dont la grâce pourrait être digne de ballets classiques, pourrait suffire à rattraper cette frustration du déjà-vu, s’elles n’étaient pas obstruées par une musique, celle, notamment, de Nino Rota qu’il avait composée pour Juliette des Esprits de Fellini, appartenant à un univers excentrique et fantasmagorique qui est aux antipodes de celui de Gus van Sant. Si le propos du film en lui-même demeure parfaitement clair car déjà maintes fois rebattu par le cinéaste, sa démarche artistique en elle-même demeure bien obscure et ne parvient hélas pas à ramener et contenir ce film fragile à la simplicité du jeu extraordinaire de ses acteurs. Ce sont eux, en effet, qui portent juste ce qu’il faut de sensibilité et de cynisme à la vie près et après Paranoïd Park: la mort de l’enfance, de l’innocence et de l’indifférence.

De Gus Van Sant (2007), avec Gabe Nevins, Dan Liu, Jake Miller, Taylor Momsen, Lauren McKinney

E.C. – CC6 « La Mort» - Novembre 2007

Expo - The Third Mind

Palais de Tokyo — 13, Avenue du Président Wi lson, 75116

Avec The third mind, Ugo Rondinone offre un voyage unique. IRM de ses influences, de ses inclinations et de ses obsessions, l'exposition se construit comme une déambulation dans un cerveau en perpétuelle activité et plonge à la source des références et des découvertes de l'artiste

H.W. – CC6 « La Mort» - Novembre 2007

Sortons - Les catacombes de Paris

Place Denfert-Rochereau - 1, Avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy - 75014

En 1786, afin de mener des travaux de grande voirie, l'Etat décide avec l'accord du clergé de transférer les ossements, notamment ceux du Cimetière des Innocents, dans des carrières de Paris : les Catacombes viennent de naître ! De 1786 à 1814 pas moins de 6 millions d'ossements seront entassés dans ces galeries. La visite se déroule dans un réseau de galeries où la présentation des ossements constitue aujourd'hui une véritable mise en scène de la mort. Un choix de textes empruntés à toutes les sources de la tradition occidentale y ajoute une dimension méditative.

H.W. – CC6 « La Mort» - Novembre 2007

Restaurant - Dans le noir

51, Rue Quincampoix - 75004

Ouvert en Juillet 2004, le concept de ce restaurant est simple et unique en France. La salle est plongée dans l'obscurité la plus totale. Les convives, voyants ou non d'ailleurs, sont guidés jusqu'à leurs tables par des serveurs non-voyants. Une fois installés commence lors une drôle d'expérience : un repas à l'aveugle. Vous ne pourrez faire confiance qu'à votre odorat et à vos papilles pour identifier les saveurs, et à votre ouïe pour faire connaissance avec vos voisins. Adjoint à la salle se trouve un espace lounge, éclairé, où l'on peut jouer au Tao, sur réservation. Des événements sont organisés régulièrement, comme la lecture de contes ou du « Deep Dating ».

H.W. – CC6 « La Mort» - Novembre 2007

Bar / Boîte - Le Kata Bar

37, Rue Fontaine 75009

A deux pas de Pigalle et son atmosphère particulière, le KataBar accueille gothiques, amateurs d'électro, et d’ambiances morbides, dans des fauteuils à hauts dossiers ou canapés bas, motifs façon bronze et photos en noir et blanc pour le décor. Les cocktails sont à l’honneur, et tous y font preuve d’une certaine originalité.

H.W. – CC6 « La Mort» - Novembre 2007

jeudi 27 janvier 2011

Sonnons - 18

Sur le livre des amours
Pierre de Ronsard

Jadis plus d'un amant, aux jardins de Bourgueil,
A gravé plus d'un nom dans l'écorce qu'il ouvre,
Et plus d'un cœur, sous l'or des hauts plafonds du Louvre,
A l'éclair d'un sourire a tressailli d'orgueil.

Qu'importe ? Rien n'a dit leur ivresse ou leur deuil.
Ils gisent tout entiers entre quatre ais de rouvre
Et nul n'a disputé, sous l'herbe qui les couvre,
Leur inerte poussière à l'oubli du cercueil.

Tout meurt. Marie, Hélène et toi, fière Cassandre,
Vos beaux corps ne seraient qu'une insensible cendre
- Les roses et les lys n'ont pas de lendemain -

Si Ronsard, sur la Seine ou sur la blonde Loire,
N'eût tressé pour vos fronts, d'une immortelle main,
Aux myrtes de l'Amour le laurier de la Gloire.

*Ais de rouvre: planche de chêne

CC 18 « La faillite » - Mars & Avril 2009

Sonnons - 17

Le tombeau du conquérant
José-Maria de Hérédia

A l'ombre de la voûte, en fleurs des catalpas
Et des tulipiers noirs qu'étale un blanc pétale,
Il ne repose point dans la Terre fatale.
La Floride conquise a cédé sous ses pas.

Un vil tombeau messied à de pareils trépas.
Linceul du conquérant de l'Inde Occidentale,
Tout le Mescaschébé*, par dessus lui s'étale.
Le Peau-Rouge et l'ours gris ne le troubleront pas.

Il dort au lit profond creusé par les eaux vierges.
Qu'importe un monument funéraire, des cierges,
Le psaume, la chapelle ardente et l'ex-voto ?

Puisque le Vent du Nord, parmi les cyprières,
Pleure et chante à jamais d'éternelles prières
Sur le grand fleuve où gît Hernando de Soto.

* Terme indien pour le Mississipi

CC 17 « La rencontre » - Janvier & Février 2009