Après la chute de l’Empire Romain d’Occident, l’Italie dut faire face aux étreintes amoureuses des peuples barbares germaniques, tels que les Wisigoths ou les Vandales, qui venaient piller et mettre à sac les villes défaites. L’ordre papal se mettait en place à Rome tandis que Florence, Milan, Gênes et Venise devenaient les villes les plus influentes au monde du point de vue commercial, financier et intellectuel.
A partir de la fin du XVème siècle, l’Italie fut le champ de bataille des puissances étrangères. Tous avaient des prétentions sur telle ou telle royaume. Ce n’est que sous l’occupation Napoléonienne au début du XIXème siècle que les italiens ont commencé à entrevoir la possibilité d’une unification qu’il n’avait pas su concrétiser plus tôt et c’est après la chute de ce dernier, en 1815, que l’Italie, à dominante très fortement autrichienne après le Congrès de Vienne, connut enfin la montée d’adrénaline générale d’un peuple en quête de liberté, le « Risorgimento ».
Comme souvent, ce sont les intellectuels et les aristocrates qui furent élégamment à l’initiative grâce aux sociétés secrètes héritées de l’occupation française, notamment les Carbonari. N’ayant malheureusement pas de coordination suffisante à l’échelle nationale, elles ne donnèrent que des actes isolés et durement réprimés jusqu’en 1830 dont le fameux soulèvement du Général Pepe à Naples (capitale du Royaume des Deux-Siciles espagnol) en 1820 et celui d’Alexandrie au Piémont en 1821.
La révolution parisienne de 1830 échauffa les esprits italiens. Après quelques soulèvements plutôt réussis dès le début de l’année suivante à Modène, Parme ou en Romagne, les révolutionnaires présents dans les Etats Pontificaux parvinrent à abolir le pouvoir temporel des Papes avant de se faire rappeler durement à l’ordre par les Autrichiens, déjà sévères à l’époque. Il en aurait été fait de la flamme révolutionnaire si Mazzini, en exil, n’avait pas créer le mouvement de la Jeune-Italie, principalement composé d’anciens carbonari. Ce mouvement, bénéficiant d’appuis en France, organisa toute une série d’attentas de 1833 à 1844, qui se soldèrent tous par de cuisants échecs. Néanmoins, ces vaines tentatives entretinrent l’esprit d’unification pendant plus d’une décennie. L’excitation devint palpable à l’élection du Pape Pie IX, successeur du très réactionnaire Grégoire XVI. Ce dernier amnistia les révolutionnaires romains, admit des laïcs dans l’administration ou encore élargit la liberté de la presse d’alors. Incitant ainsi les autres princes italiens à prendre des mesures libérales, sa popularité le prédestinait à devenir le chef de file de l’unification, d’autant plus que celle-ci devenait imminente après les nouvelles révolutions de Paris et Vienne en 1848.
Dans ce contexte propice, la Lombardie chassait les Autrichiens fin mars 1848. Comme souvent, c’est le premier pas qui s’avère le plus dur, les autres duchés envoyèrent des renforts pour empêcher les autrichiens de contre-attaquer.
La raison pour laquelle aucun de nous ne connaît Pie IX aujourd’hui est qu’à ce moment précis, il redouta un schisme des catholiques autrichiens et allemands. Il condamna donc toute guerre entre chrétiens fin avril 1848. Le roi Charles-Albert du Piémont annexa Parme, Modène, Venise et la Lombardie à la suite de ce fâcheux discours. Après quelques démêlées avec les autrichiens, il leur céda Milan et abdiqua en faveur de son fils Victor-Emmanuel II.
Au centre de l’Italie, le soulèvement populaire fut tel, que le premier ministre fut assassiné et le Pape dut s’enfuir en février 1849. Son pouvoir fut rétabli grâce à Louis-Napoléon en juillet. Après cette première tentative infructueuse, seul le Piémont garda sa Constitution et un des personnages clef de la révolution fit son apparition : Camillo Cavour. Ce fin stratège comprit ce qui avait manqué au Risorgimento jusqu’alors. Un appui soutenu du peuple et de l’étranger. Il pactisa alors avec les révolutionnaires et avec la gauche en laissant encore ouverte la question du statut définitif de l’Italie. D’autre part, il envoya des troupes soutenir les forces françaises en Crimée en 1855 ce qui lui ouvrit les portes du Congrès de Paris en 1856. Napoléon III lui promit alors son soutien militaire au Piémont contre la cession de Nice et de la Savoie ! La France ridiculisa l’Autriche à Magenta et Solférino et signa un armistice avantageux dans laquelle elle obtenait la Lombardie, qu’elle transmis immédiatement au Piémont. Les mouvements révolutionnaires enfin matures, et soutenus par Cavour, chassèrent enfin les derniers princes à Parme, Modène et en Toscane. Pie IX se constitua une armée de « zouaves pontificaux » en 1860 et les Bourbons du Royaume des Deux–Siciles étaient encore à l’écart de la vague.
La figure de proue de la révolution italienne écrivit alors sa légende. Guiseppe Garibaldi, niçois, mena sa célèbre expédition dite « des Mille » et s’empara de la Sicile. A l’aide de ses mille camarades en chemise rouge, il enleva Palerme, Messine et arriva finalement à Naples où le rejoint bientôt Cavour et les troupes Piémontaises. Seule Rome demeurait insoumise. Garibaldi, jouissant d’une popularité énorme, accueillit Victor-Emmanuel II à Naples.
Le 17 Mars 1861, ce dernier fut couronné « Roi d’Italie par la grâce de Dieu et la volonté du peuple ». La première capitale fut installée à Florence et Napoléon III soutint le Pape pour qu’il conservât son pouvoir à Rome. Les garibaldiens profitèrent de la guerre franco-allemande de 1870, qui obligea les troupes françaises stationnées à Rome à partir sur le front, pour rentrer dans Rome. Les romains plébiscitèrent la réunion très symbolique de leur ville à l’Italie et le 20 Septembre 1870, Rome devint la capitale. Pie IX, ayant son caractère semble-t-il, se constitua prisonnier et refusa de reconnaître cette annexion. Cette situation ne prit fin qu’en 1929 avec les accords de Latran de Mussolini !
Ainsi, après un interlude de près de 1500 ans, Rome redevenait une capitale majeure d’Occident.
D.A. – CC4 «Vice & Vertus» – Septembre 2007
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