mardi 1 février 2011

Camping sauvage en Islande

Si la beauté d’un paysage pouvait se traduire en mots, et surtout si j’avais la patience et le niveau d’inactivité nécessaires, cet article ferait plusieurs volumes. L’Islande est une terre relativement jeune d’environ 60 millions d’années, située sur le rift médio-atlantique, autrement dit là où les plaques continentales européenne et américaines se rejoignent. Cette géologie toujours active vaut à l’île une variété de paysages magnifiques : volcans, geysers, chutes d’eau, glaciers, pour n’en citer que quelques uns.
Un impératif absolu: faire le voyage en 4×4, car la plupart des sites ne sont pas accessibles en bus. Exit donc les tours opérateurs et les hôtels qui ne permettront pas d’explorer les plus beaux endroits, mieux vaut tracer son itinéraire et voyager d’un site de camping à un autre. Le camping je n’y connaissais rien mais dans un pays développé comme l’Islande ce n’est pas sorcier, même s’il vaut mieux partir avec quelqu’un qui l’a déjà fait avant.
Le moment le plus fort du voyage est arrivé sur un site de camping dans les collines. Il est 2h du matin, la nuit n’est toujours pas tombée et ne tombera pas avant le mois d’août (!!!), on prend un bain chaud depuis deux heures dans un cours d’eau naturellement chauffé à l’énergie géothermique, un verre de vin dans la main droite et une cigarette qui fait rire dans la main gauche. C’est si apaisant qu’on oublie presque d’en profiter. Je dis alors à mes braves compagnons : « Au fait les gars, on se baigne comme si de rien n’était, on parle on parle, tout est en harmonie, mais quand on y pense bien: vous ne trouvez pas que c’est trop de la balle de la mort qui tue sa race ? ». En effet, c’était le cas.
La tranquillité justement. Les paysages qui alternent entre le paradis et l’enfer car il y en a qui n’évoqueront rien d’autre que la mort (cf ci-contre), l’air et la terre purs, les longs itinéraires en voiture : l’expérience islandaise vous projettera dans un univers inconnue et vous videra complètement l’esprit. C’est la thérapie la plus efficace qui soit, quels que soient vos problèmes quotidiens.
Cette prise de contact avec la nature et cette élimination du superflu est également l’occasion rêvée de se remettre en cause. Qui suis-je ? Pensez à votre entourage, que ce soit la famille, les amis, les collègues du bureau etc. Quelle facette de ma personnalité fait ressortir chacun d’eux ? Qu’est ce qui change dans mon comportement selon le contexte ? Quels sont mes traits de caractères permanents ?
Que dire du peuple islandais ? Une population d’environ 300 000 habitants, un des pool génétiques les plus homogènes sur terre, une culture américanisée gardant néanmoins son socle scandinave et ses mythes traditionnels (les fameux trolls par exemple). Tout le monde fait partie de la classe moyenne aisée, avec un paradoxe cependant: les emplois sont en grande partie saisonniers, et il en faut plusieurs rien que pour s’en sortir. Il n’est donc pas atypique de devoir travailler 50 heures par semaine. De plus pendant l’hiver il ne fait jamais jour. Mais bon, le guide du routard vous dira que les Islandais sont un des peuples les plus heureux du monde. C’est possible après tout, le taux de suicide et le crime y sont presque nuls (ah si, l’année dernière la criminalité a battu un record historique, avec deux autoradios volés !), et l’émigration y est très basse, au contraire des autres pays scandinaves.

 C.F. – CC3 « Les Vacances» – Août 2007

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