mercredi 2 février 2011

Lisons - Les malheurs de Justine

Morceau choisi du chef d’oeuvre du Marquis de Sade.

- N'ayez pas peur, mademoiselle, lui dit-elle en la voyant émue, je n'ai pas envie de m'exposer une seconde fois a vos humiliations ; je suis plus faite aux préférences qu'aux refus. C'est pour mon service que je vous demande, et non pour autre chose. Justine entre. Mais quelle est sa surprise, quand elle voit Dubourg presque nu, au milieu des deux femmes de la Delmonse, empressées l'une et l'autre à servir les passions de ce libertin. Que devient-elle quand elle entend les portes se fermer, et que le ton, les discours, la physionomie de celle a qui elle a affaire ne lui présagent plus que des malheurs ?
- O madame ! S’ecrie-t-elle en tombant aux pieds de cette femme perfide, quel est donc le nouveau piège que vous me préparez ? Est-il possible qu'une maitresse abuse aussi cruellement de l'impuissance et de la misère d'une malheureuse domestique ! Oh ! Quelle horreur, grand Dieu ! Et quel crime vous commettez envers toutes les lois divines et humaines.
- Oh, nous allons bientôt, j'espère, nous souiller plus énergiquement, dit Dubourg en se relevant et collant ses lèvres impures sur la bouche délicate de Justine qui se retire avec dégout... Oh ! Oui, oui, poursuit ce monstre, nous allons nous livrer bientôt a d'autres crimes ; et j'espère qu'a la fin cette fière vertu ne trouvera plus de défense.

En même temps Justine est saisie, dépouillée, et offerte à l’ instant, toute nue, par les femmes de Delmonse, aux immodestes projets du financier.
Dubourg, presque sur, a ce qu'il prétend, de foutre au moins deux coups cette fois-ci, réserve pour le dernier celui des deux pucelages de Justine dont il fait le plus de cas, et c'est celui du con que l'on présente a ses premiers feux. Le scélérat s'avance ; c'est Delmonse elle-même qui le conduit, et qui, le glaive du paillard a la main, s'apprête a l'enfoncer au sein de la victime. Mais Dubourg, toujours partisan des détails, veut préluder par quelques-uns de ces petits supplices libidineux dont les jouissances ont tant d'empire sur ces sens engourdis. Idolâtre du cul le coquin veut le voir ; celui de Justine est si joli ! On le lui expose ; il le claque, refait placer, soufflette la victime, lui manie brutalement la motte, lui pince les tétons, s'égare sur les trois beautés qui l'entourent, L'une des femmes de Delmonse surtout, grande créature de dix-sept ans, faite à peindre, et belle comme un ange, parait l'échauffer incroyablement. Par malheur on le branle, et très adroitement, pendant qu'il prélude : hélas ! Le même accident qu’à la première séance arrive encore a celle-ci. Dubourg n'a que le temps de se jeter sur Justine. Les voies bien imbibées lui sont présentées entrouvertes ; mais l'arme plie à mesure que s'en exhale la liqueur qui la tient en arrêt. Dubourg, dont la décharge est impétueuse, perd la tête en y procédant ; il n'a plus ni assez de présence d'esprit, ni assez de force pour enfiler droit.
- Ah ! foutre-dieu, sacre nom d'un dieu, s'écrie-t-il, en accablant de soufflets et de coups de poing la pauvre Justine, et lui barbouillant le con de foutre, ah ! Double foutre-dieu que j'abhorre, mon projet est manque. »

H.W. – CC4 «Vice & Vertus» – Septembre 2007

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