Les énormes poitrines n’ont pas toujours été bien vues, même en Occident. Certes, Rubens a peint d’intéressants volumes, mais ses femmes ont la taille et la cuisse lourde. Le vrai gros sein se doit de surplomber un ventre plat – il est l’apanage, la proue des minces, et c’est un maniaque, milliardaire et fou, pilote d’hydravion, qui en inventa la mode dans les années 1930 : Howard Hughes.
L’héritière de l’empire de la tradition dite de la Loche, qui, depuis l’invention du Silicone, se dégonfle. |
Producteur de cinéma, il finance en 1930 Hell-’s Angels. Pour l’actrice vedette chargée de nourrir son fantasme, il choisit une fille de 18 ans, qui n’a jusqu’ici tourné que dans des Laurel et Hardy: Jean Harlow. Il lui explique comment frotter, pour les durcir, les pointes de ses seins, juste avant l’arrivée des journalistes. L’affaire n’aura pas de lendemain. Mais un surlendemain. Dans les années 1940, Hughes remet ça. En pleine guerre contre le Japon, en 1943, pour répondre au désir des GI embourbés dans les jungles du Pacifique, il lance Jane Russell dans The Outlaw.
Ancien ingénieur aéronautique, féru d’aérodynamique et de modélisme, Hughes s’occupe personnellement de la fabrication du soutien-gorge de Jane. Il écrit des notes pour l’équipe de tournage. Par exemple, « la coupe de la robe autour des seins n’est pas satisfaisante et donne l’impression que les seins sont rehaussés. Ils n’ont pas l’air normaux. J’insiste sur le mamelon qui a l’air bizarrement pointu…».
Cette fois, c’est parti pour « l’empire de la loche ». Suivront Jane Mansfield, Mamie Van Doren, Marilyn Monroe, Raquel Welch, Liz Taylor, et les somptueuses italiennes des années 50, Sophia Loren, Gina Lollobrigida, Silvana Mangano, et enfin le déferlement Russ Meyer, caricature terminale. De 1945 à 1960, à l’écran, à la une des cinémagazines, elles en ont toutes ! Et une seule star déroge à la règle : Lauren Bacall, épouse d’Humphrey Bogart.
Merci donc au cinéma d’avoir fait des seins, plus qu’un argument de vente, une méthode de vente et une institution!
H.W. – CC4 «Vice & Vertus» – Septembre 2007
Source : « Culture Confiture », de Léon Mercadet
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